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EXCLUSIF - Avec les Marines, derniers jours en Afghanistan

Après dix ans de guerre, l’armée américaine commence à se retirer d’Afghanistan. 10 000 GI’s vont quitter le pays d’ici la fin de l’année. Dans la province du Helmand, l’une des zones les plus dangereuses, les soldats du 3ème bataillon de Marines se préparent à partir. Nos reporters étaient à leurs côtés.

Visa afghan : OK. Autorisation de tournage : OK. C’est parti pour 15 jours avec les fameux Marines, l’élite de l’armée américaine, dans le Helmand, au sud de l’Afghanistan.

OP 41

Après deux jours et demi de trajet via Dubaï, Kaboul et divers camps militaire, les choses sérieuses commencent. Arrivée dans le camp baptisé OP 41. Un poste d’observation en pleine zone talibane. Excitation : nous sommes à la guerre. Déception : pas les Marines ! Douze soldats tournent en rond dans un terrain afghan aménagé en camp retranché. Ils attendent la fin de leur mission : plus que 2 semaines.

Si le camp est luxueux, les toilettes se résument à un trou en bois dans lequel on met un sac plastique. Dans un carton, une pile de magazines de sport ... et quelques Playboy… La nourriture, ce sont les célèbres MRE (Meal Ready to Eat : "Plat prêt à manger"… ou pas). Impossible de faire chauffer son plat et son café avec la même ration. Les matins s’annoncent difficiles.

Ici, la plus grande difficulté des soldats est d’occuper la journée. Cuisine de pancakes immangeable, piscine (une rivière traverse le camp), sieste, concours de tatouages et sport. Le sport occupe une place vitale dans la vie d’un Marine. Tous les jours, pendant une à deux heures, les Marines "soulèvent" comme ils disent. Des anneaux attachés au mur du camp, ou encore des sacs de sable et des poutrelles en métal… ainsi qu’un tronc d’arbre. On fait du sport avec les moyens du bord. Et c’est vexant : deux journalistes ensembles soulèvent à peu près la moitié de ce que soulève un seul Marine. Chacun son métier. A part ça… les Marines observent, mais ne bougent plus. Il est temps de partir.

Kakar

Deuxième poste avancé : Kakar. Le même que celui d’avant, mais en plus petit et poussiéreux. Ici, la situation est différente. Les Marines patrouillent encore. A leur tête, le lieutenant Hanson, la cigarette menthol vissée au coin de la bouche, c’est le super héros de Kakar. Un surnom s’impose : "Captain America". Demain, il guidera ses quarante hommes dans le nord… le coin dangereux de la zone. Il s’attend à se faire tirer dessus.

La tension gagne le camp, la concentration se lit sur le visage de chacun et les armes sont nettoyées minutieusement.

Le lendemain, chaque pas nous rapproche de la zone d’accrochage. Finalement, les Taliban n’engageront pas le combat : face aux quatre véhicules blindés lourdement armés et aux hélicoptères, ils reculent et manquent de munitions.

Kandahar

Changement radical. Dans les aléas d’un retour qui prendra finalement cinq jours, nous nous arrêtons à Kandahar. Rien à voir avec Kakar. C’est la plus grande base de l’OTAN dans le monde. Vingt mille hommes et femmes de quarante nationalités différentes sont totalement coupés du reste d’un monde qu’ils sont censés sauver.

En plein milieu du camp, une place carrée. Elle est bordée de commerces et de fast food genre KFC. Au milieu, les Canadiens jouent au hockey et des gradins ont même été installés autour d’un ovale en béton. D’autres jouent au volley, et des karaokés sont organisés. A la tombée de la nuit, les soldats se baladent sur ces planches. Dehors l’Afghanistan est en guerre. 

Les Marines que nous avons suivis vont mettre un mois à rentrer dans leur camp de Californie.  C'est là que nous les retrouverons.