
Les forces de sécurité ont tué plusieurs manifestants vendredi alors que de nouveaux rassemblements appelant à l'unité de l'opposition avaient lieu à travers le pays. L'UE a décidé d'adopter de nouvelles sanctions contre le régime du président Assad.
Reuters - L'Union européenne (UE) impose depuis samedi des sanctions contre six entreprises syriennes, dont le principal opérateur de téléphonie mobile, Syriatel, et la plus grande entreprise privée du pays, Cham Holding, selon le Journal officiel.
Les entreprises européennes ne pourront collaborer avec aucune de ces entreprises, parmi lesquelles figurent aussi la chaîne de télévision Addounia TV et trois entreprises liées à l'armée syrienne.
Les ministres de la Justice et de l'Information ont aussi été ajoutées à la liste des personnalités syriennes touchées par un gel des avoirs et une interdiction de voyager dans l'Union européenne.
Ces sanctions visent à affaiblir le régime syrien, qui réprime depuis six mois des manifestations appelant à des réformes démocratiques et au départ du président Bachar al Assad.
AFP - La répression sanglante a fait de nouvelles victimes vendredi en Syrie parmi les manifestants réclamant l'unité de l'opposition pour obtenir la chute du régime du président Bachar al-Assad, visé par de nouvelles sanctions européennes.
Dans la région de Homs, principal foyer de contestation à 160 km au nord de Damas, neuf civils ont été tués par les forces de sécurité, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Six civils ont trouvé la mort dans trois quartiers de la ville de Homs, une fillette à Qousseir, un jeune homme à Talbisseh et un autre dans le village de Zaafaraniya", a indiqué l'OSDH, basé en Grande-Bretagne, dans un communiqué.
Tous ont péri sous les balles des forces de sécurité et il y a également eu trois blessés à Qousseir.
La télévision officielle syrienne a affirmé de son côté que "six agents des forces de l'ordre ont été blessés à Deir Ezzor (est) par des groupes terroristes armés".
A Bruxelles, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a annoncé que "compte tenu de la poursuite de la campagne brutale du régime syrien contre sa propre population, l'Union européenne a décidé d'adopter des sanctions supplémentaires".
Ce septième train de sanctions contre le régime du président Assad interdit notamment d'investir dans le secteur pétrolier, vital pour l'économie du pays, et d'alimenter la banque centrale en pièces et billets.
La Suisse a également durci ses sanctions contre Damas, interdisant l’importation, l’achat et le transport de pétrole et de produits pétroliers syriens.
L'impact de ces restrictions commence d'ailleurs à se faire sentir alors que le ministre syrien de l'Economie et du Commerce a annoncé vendredi suspendre l'importation de voitures et de produits de luxe pour "sauvegarder les réserves en devises" de la Syrie.
Cité par l'agence officielle Sana, Mohammed Nedal al-Chaar a indiqué que les importations de produits soumis à des taxes douanières de 5% et plus seront également suspendues.
Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a pour sa part dénoncé la répression qui s'exerce, selon lui, aussi dans des écoles contre des enfants.
L'ambassadeur de France à Damas Eric Chevallier a affirmé à l'AFP s'être rendu jeudi auprès de quatre écoles à Damas et dans sa banlieue pour exprimer "sa vive inquiétude" à la suite d'informations faisant état de manifestations lycéennes réprimées.
Selon l'ONU, la répression a fait plus de 2.700 morts depuis le début du mouvement mi-mars et selon l'OSDH, 15.000 personnes sont actuellement détenues.
De son côté, Amnesty International a dénoncé les exécutions de prisonniers en Syrie, citant notamment le cas d'une jeune fille de 18 ans arrêtée à Homs et dont le corps mutilé a été retrouvé par sa famille. Zainab al-Hosni avait été décapitée, démembrée et écorchée, a affirmé Amnesty.
Il s'agit, selon l'organisation, du 103e cas recensé - et du premier concernant une femme - d'un décès en détention en Syrie depuis le début de la contestation mi-mars.
La journée de manifestation avait été placée, comme chaque vendredi depuis la mi-mars, sous un nouveau slogan. Cette semaine, les militants appelaient à "l'unité de l'opposition", écrivant sur leur page Facebook: "Oui au Conseil national en phase avec les principes de la Révolution".
Le Conseil national, qui a pris sa forme définitive le 15 septembre à Istanbul, est la principale coalition de l'opposition et a été mise sur pied à l'initiative des islamistes, même si elle compte des personnalités indépendantes.
D'autres regroupements existent comme le Conseil national de transition syrienne dirigé par l'universitaire vivant à Paris Burhan Ghalioune.
Plus de 10.000 manifestants se sont rassemblés dans quatre localités du gouvernorat de Hassaké (nord-est), à majorité kurde et près de 2.000 personnes ont défilé à Deir Ezzor (est) appelant à la chute du régime avant que les forces de sécurité ne tentent de les disperser. Le mouvement de contestation s'est également fait entendre dans la région de Deraa (sud).