Accusés par un pilier de la "Françafrique" d'avoir perçu des fonds occultes de dirigeants africains, Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont annoncé qu'ils allaient porter plainte. Les socialistes réclament l'ouverture d'une enquête.
- Dominique de Villepin et Jacques Chirac annoncent qu'ils porteront plainte contre Bourgi
Dominique de Villepin a annoncé dimanche sur France 2 qu'il allait porter plainte contre l'avocat Robert Bourgi, qui l'accuse d'avoir reçu, ainsi que Jacques Chirac, des valises pleines de billets de chefs d'Etat africains.
"Les accusations qu'ils portent sont graves, scandaleuses, détaillées comme tous les mauvais polars et c'est pour cela que comme Jacques Chirac, je porterai plainte contre lui", a déclaré l'ancien Premier ministre.
Jacques Chirac a décidé lui aussi de déposer plainte en diffamation contre l'avocat Robert Bourgi, qui accuse l'ancien chef de l'Etat et l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin d'avoir reçu des fonds occultes africains, a annoncé dimanche à l'AFP Me Jean Veil, conseil de M. Chirac.
"A la suite des propos tenus ce jour par M. Robert Bourgi, le Président Jacques Chirac m'a demandé de déposer plainte pour diffamation", a déclaré Me Veil.
A droite, le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer a cependant estimé que "l'honneur de Dominique de Villepin" étant "entaché par ces affirmations, ces allégations sans aucune preuve" il semblait que "tout cela relève de la justice".
- La gauche dénonce des "réglements de compte sordides"
Ségolène Royal (PS) a vu dimanche dans les déclarations de Robert Bourgi accusant Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'avoir reçu des fonds occultes, une "nouvelle affaire", révélant "un régime glauque et corrompu" et "des règlements de comptes sordides" à droite.
"On a eu l'affaire Woerth, on a eu l'affaire Bettencourt, on a eu l'affaire Clearstream, on a eu l'affaire Karachi. Maintenant, on a cette nouvelle affaire. On n'en peut plus de ce régime glauque et corrompu", a déclaré sur France 5 la candidate à la primaire PS.
Selon elle, ce sont de tels comportements "qui nourrissent le Front national".
"Je pense surtout qu'il y a des règlements de comptes épouvantables au sein de la droite, que ce système en décrépitude est à bout de souffle et qu'il est temps de mettre un bon coup de balai" en faisant "en sorte qu'une nouvelle équipe arrive aux responsabilités" en 2012, a aussi déclaré Mme Royal.
Le premier secrétaire du PS par intérim Harlem Désir a demandé dimanche qu'"une procédure judiciaire soit immédiatement ouverte" après les déclarations de l'avocat Robert Bourgi accusant Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'avoir reçu des fonds occultes africains.
- Le Sénégal réfute les accusations de financements occulte
Le porte-parole de la présidence sénégalais a qualifié dimanche de "faux" et "archi-faux" les propos de l'avocat franco-libanais Robert Bourgi, conseiller officieux pour l'Afrique du président français Nicolas Sarkozy, qui a fait état de financements occultes d'Africains à l'ex-président français Jacques Chirac.
"Je voudrais démentir de la manière la plus formelle ces affirmations de Robert Bourgi", a déclaré à l'AFP Serigne Mbacké Ndiaye, porte-parole et ministre à la présidence.
- En Côte d'Ivoire, un proche de Laurent Gbagbo confirme les allégations
L'ex-numéro 2 du régime du président déchu Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire a affirmé dimanche à l'AFP que quelque trois millions d'euros avaient été transférés d'Abidjan à Paris pour financer la campagne électorale du président français Jacques Chirac en 2002.
Ces déclarations de M. Mamadou Koulibaly, actuel président de l'Assemblée nationale, vont dans le sens des accusations de l'avocat français Robert Bourgi, conseiller officieux pour l'Afrique du président français Nicolas Sarkozy.
"Robert Bourgi a parfaitement raison il y a eu un transfert d'argent entre Laurent Gbagbo (2000-2011) et Jacques Chirac, en 2002" a déclaré M. Koulibaly, faisant état "d'environ deux milliards de FCFA (environ trois millions d'euros) transportés d'Abidjan vers Paris par valise".
- Le parquet de Paris n'ouvre pas d'enquête pour l'heure
Le Parquet de Paris a indiqué dimanche qu'il n'avait "pas ouvert d'enquête" judiciaire après les allégations lancées par l'avocat Robert Bourgi qui accuse Jacques Chirac et Dominique de Villepin d'avoir reçu des fonds occultes de dirigeants africains, a-t-on appris de source judiciaire.
"Il n'y a rien d'autre pour l'instant comme élément que des déclarations au JDD" de M. Bourgi, a indiqué cette source à l'AFP.