À la suite des révélations sur des fonds occultes versés à Jacques Chirac et Dominique de Villepin, Marine Le Pen a clos les journées d'été du Front national (FN), à Nice, en affirmant que "la République était pourrie jusque dans son centre".
AFP - Immigration, insécurité, crise sociale : pour clore dimanche ses journées d'été de Nice, Marine Le Pen s'en est tenue à ses fondamentaux devant 2.000 militants du Front national enthousiastes, devant lesquels elle s'est posée en première opposante à Nicolas Sarkozy.
Pour ses deux premières grandes interventions, à Tours en janvier, ou pour le défilé de Jeanne d'Arc du 1er mai, Marine Le Pen avait pu surprendre, voire refroidir son public à coups d'odes aux "libertés" ou à l'"Etat fort".
Rien de tout cela dimanche, où, pendant plus d'une heure, elle a déployé la panoplie frontiste, au grand plaisir de ses supporteurs. Le premier d'entre eux, Jean-Marie Le Pen, au look très soigné -- costume crème, lunettes de soleil d'aviateur -- a applaudi à tout rompre.
L'immigration a longuement été abordée, Marine Le Pen, veste et pantalon noirs, souhaitant "l'inversion des flux" migratoires et promettant suppression du droit du sol et préférence nationale.
"Que celles et ceux qui donnent des leçons de générosité ne se gênent pas pour ouvrir leurs chéquiers, partager leurs biens et les loger dans leurs résidences secondaires", a-t-elle ironisé, comme l'avait fait dans la matinée l'avocat Gilbert Collard, devenu l'un de ses soutiens les plus en vue.
"Cette arrivée massive, en un temps très bref, 20 ou 30 ans, de femmes et d'hommes ayant pour une très grande majorité une culture très différente de la nôtre, rend toute assimilation inopérante, voire impossible", a-t-elle lancé, alors que le leader des identitaires niçois, Philippe Vardon, s'est affiché aux premiers rangs de la salle et a ostensiblement salué les leaders du FN.
Côté insécurité, si elle n'a pas évoqué la peine de mort, qui risque de devenir un sujet de discorde avec Gilbert Collard, abolitionniste convaincu, Marine Le Pen s'est offert une autre ovation en promettant la suppression des aides sociales pour les délinquants récidivistes.
Alors que l'UMP avait tenté d'afficher une image d'unité le matin-même à Nice, lors d'un contre-meeting, la leader du FN, qui vise le second tour de la présidentielle, s'est inscrite en meilleure opposante à Nicolas Sarkozy, devant le PS.
"Vous savez, celui qu'a créé Jaurès" et qui "est aujourd'hui dirigé par Harlem Désir", a-t-elle lancé, sûre de son effet.
"L'UMP a depuis longtemps trahi la Nation, le PS ne cesse de trahir la République", a-t-elle dit, accusant comme à son habitude les deux partis de complicité dans la soumission au "mondialisme".
Avant son discours, elle s'était déclarée "pas particulièrement étonnée" des accusations de Robert Bourgi qui affirme avoir remis des fonds occultes à Jacques Chirac et Dominique de Villepin. "Moi je sais que la République est pourrie jusqu'en son centre", avait-elle lancée.
Sans surprise, la présidente du FN, qui mise sur les classes populaires, a promis de "réindustrialiser" la France à coups de mesures protectionnistes. Plus étonnant, elle n'a pas parlé de sortie de l'euro, tout en critiquant avec vigueur le plan d'aide à la Grèce.
Aux premiers rangs, avaient pris place les récents ralliés, comme le souverainiste Paul-Marie Coûteaux, ou Jacques Peyrat, l'ancien maire de Nice (1995-2008) et ex-FN, assis juste à côté de Jean-Marie Le Pen.
Sans qu'il s'agisse, pour l'instant en tout cas, d'un ralliement, l'ancien patron des renseignements généraux (1992-2004) Yves Bertrand, dans une interview à Causeur.fr, a aussi déclaré tout le bien qu'il pensait de Marine Le Pen, la qualifiant de "respectable" et de "républicaine".
L'homme de la "chiraquie" a aussi estimé que la droite devait conclure aux législatives des accords avec le FN pour éviter des triangulaires.