Le parquet de Paris appuie la demande des avocats de l'ex-chef d’État qui affirment, rapport médical à l'appui, que Jacques Chirac n'est pas en mesure d'assister à son procès dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.
Après un report en mars, le procès dans l'affaire des emplois présumés fictifs de la ville de Paris s'ouvre lundi. Une audience qui s'est ouverte en l'absence de Jacques Chirac. L’ancien chef d’État est poursuivi pour"prise illégale d'intérêt, abus de confiance et détournement de fonds public "pour des faits présumés remontant au début des années 1990. Concrètement, il est accusé, alors qu’il était maire de Paris, d’avoir fait employer 28 personnes par la mairie de Paris alors qu’elles travaillaient en réalité pour le Rassemblement pour la République (RPR). Il encoure jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende.
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De quoi Jacques Chirac souffre-t-il ?
Premier ex-président de la République (1995-2007) à être renvoyé en correctionnelle , il a demandé à être représenté par ses avocats. Rapport médical en main, signé par le professeur de neurologie Olivier Lyon-Caen, la défense a en effet annoncé samedi que Jacques Chirac, 78 ans, "n'a plus l'entière capacité de participer au déroulement des audiences" et qu'il a demandé à ses avocats de le "représenter" au procès. "M. Chirac est dans un état de vulnérabilité qui ne lui permet pas de répondre aux questions sur son passé", est-il écrit dans ce rapport. "Il n'a plus la mémoire pour cela", a confié samedi à l'AFP son gendre, Frédéric Salat-Baroux. Le "Journal du Dimanche" avance, de son côté, que l'ancien président souffre d'anosognosie, c'est-à-dire d'une ignorance des troubles dont il est atteint.
Toutefois, dans une lettre jointe au dossier médical, Jacques Chirac indique au tribunal son souhait de voir le procès aller à son terme et sa volonté d'assumer ses responsabilités. Cet énième rebondissement dans un feuilleton judiciaire qui dure depuis plusieurs années conforte le camp des détracteurs de l’ex-président qui voient dans cette absence une dérobade savamment mise en scène.
Trois scenarii possibles
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Procès Chirac : 3 scénarii possibles
Sur le plan juridique, le rapport médical a été remis vendredi au président de la XIe chambre correctionnelle Dominique Pauthe. Le sort du "procès Chirac" est désormais placé entre ses mains. Trois scénarii sont désormais possible après le versement, lundi, du certificat médical aux débats : accepter que les avocats représentent l’ex-président, différer une nouvelle fois la comparution ou ordonner une contre-expertise médicale, judiciaire cette fois. La défense de Jacques Chirac dit officiellement souhaiter un procès sans l'ex-chef d'État mais pourrait suggérer lundi un "sursis à statuer", une mise entre parenthèses de facto définitive de l'affaire.
D'après Jérôme Karsenti, avocat d'Anticor, partie civile au procès, le résultat d’une éventuelle contre-expertise pourrait être connu très rapidement. S'il contredisait le rapport médical, le tribunal pourrait exiger sa comparution. "Encore une fois, on utilise des manœuvres de dernière minute, l'objectif étant bien évidemment que Jacques Chirac ne comparaisse pas de son vivant devant un tribunal", a-t-il dénoncé.
Quant au parquet, il avait requis un non-lieu pendant l'instruction et devrait logiquement demander la relaxe de l’ex-président. Le magistrat instructeur, Xavière Simeoni, avait indiqué dans son ordonnance de renvoi que Jacques Chirac était "le concepteur, l'auteur et le bénéficiaire" du système frauduleux qui consistait à rétribuer des militants RPR avec des fonds publics.
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Ce procès tardif s'explique par l'immunité dont a bénéficié Jacques Chirac pendant un temps