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L'ANC maintient ses accusations contre Julius Malema

Une commission de discipline du Congrès national africain continuera lundi l'audition de Julius Malema. Accusé de menacer l'autorité de Jacob Zuma, le très radical président des jeunes de l'ANC risque l'exclusion du parti.

AFP - Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, reprendra lundi le "procès" du fougueux président de sa ligue de jeunesse Julius Malema, qui risque l'exclusion pour indiscipline.

Alors que les auditions devaient reprendre vendredi matin, le parti s'est contenté d'indiquer qu'il rejetait les arguments du "camarade Malema", qui plaidait l'abandon des charges.

Julius Malema, est entendu depuis mardi par une commission de discipline au siège du parti à Johannesburg. Il est accusé d'"avoir porté atteinte à la réputation de l'ANC" et "avoir semé les germes de la division" dans ses rangs.

Il sera exclu du parti s'il est reconnu coupable, vu qu'il avait déjà été condamné par ses aînés --à s'excuser et à payer une amende-- l'an dernier, pour avoir insulté le président Jacob Zuma.

La ligue de jeunesse a mobilisé des centaines de partisans pour défendre son président depuis lundi, et des échauffourées ont éclaté mardi entre des manifestants et des policiers. Des journalistes ont été molestés, tandis que des partisans de Julius Malema brûlaient des drapeaux de l'ANC et des tee-shirts à l'effigie du président Zuma.

L'annonce que le "procès" continuerait lundi a été accueillie par un grand silence, vendredi matin, par la foule de militants que la ligue de jeunesse avait fait venir des quatre coins du pays. Avant de faire place à la rancoeur et à une certaine agressivité.

"Nous sommes réunis ici pour la défense de la révolution. Nous sommes réunis ici pour la défense de Malema", a dit un membre du Nord-Ouest. "Nous sommes ici pour dire +pas de retraite, pas de reddition+!"

Un de ses camarades de l'Etat libre (centre) a estimé que la commission de discipline du parti essayait d'intimider les jeunes du parti, et de les empêcher de se battre pour la "liberté économique".

Un autre représentant du Limpopo (nord) a assuré que "dans quelques années, les gens qui nous nous amenés ici (les dirigeants de l'ANC, ndlr) seront dans leurs tombes, et la révolution continuera".

Il est officiellement reproché à Julius Malema d'avoir appelé au renversement du régime au Botswana voisin, d'avoir proposé l'aide de ses troupes à l'opposition botswanaise et d'avoir traité le gouvernement de Gaborone de "marionnette des Américains".

Ses principaux lieutenants sont également sur les bancs des accusés.

Le jeune dirigeant, âgé de trente ans, menace directement l'autorité de Jacob Zuma, qu'il avait pourtant aidé à arriver au pouvoir en 2009.

S'il n'a pas directement critiqué M. Zuma, il a fait récemment à plusieurs reprises l'apologie de son prédécesseur Thabo Mbeki, qu'il vouait pourtant aux gémonies à l'époque.

Celui que ses nombreux partisans appellent "Juju" ne cesse de critiquer la politique gouvernementale depuis plusieurs mois, jugeant que l'ANC n'est pas allé assez loin dans la transformation socio-économique du pays, dix-sept ans après son arrivée au pouvoir.

Tribun redoutable et volontiers anti-blanc, Julius Malema réclame entre autres la nationalisation sans compensation des mines et des banques, de même que la saisie des terres agricoles pour qu'elles soient redistribuées aux Noirs.

Sa position à la tête des jeunes du parti dominant oblige ministres et responsables de l'ANC à multiplier les mises au point, pour expliquer que ses positions n'engagent pas la politique gouvernementale.

La Ligue de jeunesse ne cache pas qu'elle préfèrerait voir l'actuel vice-président, Kgalema Motlanthe, prendre la tête de l'ANC lors du prochain congrès du parti, fin 2012. Ce qui lui ouvrirait les portes de la présidence du pays l'année suivante.