Des dizaines de milliers de Libyens sont rassemblés sur la Place des martyrs, anciennement Place Verte, à Tripoli, pour l'Aïd el-Fitr qui marque la fin du mois du ramadan. L'occasion pour ces fidèles de célébrer la chute du "tyran Kadhafi".
AFP - La Libye célébrait le Fitr mercredi, pour la première fois en 42 ans sans Mouammar Kadhafi au pouvoir, des dizaines de milliers de fidèles se rassemblant pour une prière collective à Tripoli, alors que les rebelles ont donné aux pro-Kadhafi jusqu'à samedi pour se rendre.
Pour les rebelles, Mouammar Kadhafi, recherché tous azimuts, est "très certainement" toujours en Libye et le chargé des affaires intérieures du pays Ahmad Darrad a estimé qu'il était de leur "droit de le tuer" s'il ne se rendait pas.
Une semaine et demie après l'entrée des troupes rebelles à Tripoli le 21 août, à l'issue d'un soulèvement qui avait débuté à la mi-février, plusieurs dizaines de milliers de Libyens ont marqué l'Aïd el-Fitr par une prière collective sur la Place des martyrs, ancienne place Verte, dans la capitale "libérée".
"C'est la plus belle fête de ma vie", déclare Adel Masmoudi, 41 ans l'âge de l'ère de Kadhafi, venu avec son fils et deux de ses soeurs Mabrouka et Nouha.
Un dispositif de sécurité a été déployé par les rebelles autour de cette place de Tripoli.
L'imam s'est félicité du départ du "tyran Kadhafi", dont le nom a été conspué à chaque fois où il a été prononcé et appelé les Libyens à l'unité.
Les rumeurs abondaient ces derniers jours selon lesquelles Mouammar Kadhafi préparerait "une surprise" pour le Fitr, qui coïnciderait avec le 42e anniversaire de la révolution qui l'a porté au pouvoir le 1er septembre 1969.
Quant au front ouest de Syrte, région d'où est originaire Mouammar Kadhafi où il aurait pu trouver refuge, il restait calme mercredi matin, aucune activité notable n'étant à signaler, selon des sources rebelles.
Mouammar Kadhafi est très certainement en Libye, selon des responsables rebelles. "L'information que j'ai est celle-là: Kadhafi est quasi certainement, à 80%, encore en Libye", a indiqué à l'AFP Omar Hariri, chargé des affaires militaires à Tripoli.
"Nous pensons qu'il est en Libye (...). C'est notre droit de le tuer", a précisé un autre, Ahmad Darrad, chargé des affaires intérieures du pays.
"Il nous tue, c'est un criminel et un hors-la-loi. Partout dans le monde si un criminel ne se rend pas, il est du droit de ceux qui font respecter la loi, de le tuer", a poursuivi M. Darrad.
Mais dans un entretien mercredi au journal égyptien Al-Ahram, le chef des rebelles, Moustapha Abdeljalil, a indiqué vouloir capturer Mouammar Kadhafi -dont la tête a été mise à prix par les rebelles pour 1,7 million de dollars (1,2 million d'euros)-, "vivant pour qu'il soit jugé".
M. Abdeljalil a adressé mardi un ultimatum expirant samedi aux forces loyalistes dans les derniers fiefs du régime, dont Syrte, pour qu'ils se rendent, faute de quoi ils s'exposeraient à des opérations militaires.
"Cette fenêtre d'opportunité expirera à la fin de l'Aïd el-Fitr. A partir de samedi, si une issue pacifique n'est toujours pas en vue sur le terrain, nous pourrons faire la différence militairement", a déclaré M. Abdeljalil.
Mouammar Kadhafi conserve une capacité "à commander et contrôler des troupes, leurs mouvements, et celui d'armes", a assuré le porte-parole de l'opération "Protecteur unifié", le colonel Roland Lavoie alors que l'Otan a prévenu qu'elle concentrait pour le moment ses interventions sur Syrte.
La chute de Syrte marquera la fin du régime, a estimé mercredi le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini espérant "une reddition pacifique" de Syrte "d'ici samedi".
La mission de l'Otan "se conclura quand la Libye sera libre", a-t-il déclaré, ajoutant que le mandat actuel de la mission arrivait à terme fin septembre.
D'autre part, Amnesty International s'est alarmé mardi des cas de mauvais traitements par les combattants anti-Kadhafi sur des personnes suspectées d'avoir combattu au sein des forces loyalistes, en particulier les noirs et les Africains sub-sahariens, qui sont selon AI sont en situation de "grand risque".
A l'étranger, la réunion du Groupe de contact sur la Libye prévue jeudi à Paris se préparait, avec la participation d'une soixantaine de délégations, afin d'accompagner les autorités de transition libyennes, qui contrôlent désormais la quasi-totalité du pays, dans leur marche vers la démocratie.
itLe Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé mardi Londres à débloquer 1,6 milliard de dollars d'avoirs libyens gelés afin d'apporter une aide humanitaire à Tripoli. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé de son côté a répondre de manière "urgente" à la demande d'aide financière du CNT.
La Libye, un pays très riche en pétrole, va remettre en état de nombreux puits pétroliers dans les prochains jours, a annoncé le CNT en précisant que ses exportations du brut ne reprendraient que progressivement.
Le patron du groupe pétrolier italien Eni a indiqué pour sa part espérer pouvoir redémarrer le 15 octobre la fourniture de gaz libyen à travers le gazoduc Greenstream qui relie la Libye à l'Italie.
Selon des données publiées par le Fonds monétaire international (FMI) mardi, la Libye faisait toujours partie fin mars, un mois et demi après le début de soulèvement, des pays qui prêtaient au reste du monde via le FMI.
Début février, le FMI estimait que le pays avait peu souffert économiquement des révolutions qui avaient provoqué le départ des présidents de deux pays voisins, la Tunisie et l'Egypte.