L'acte d'accusation contre les quatre membres du Hezbollah inculpés dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri a été rendu public par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL). L'ex-Premier ministre libanais a été assassiné en 2005.
AFP - Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a rendu publique mercredi la totalité de l'acte d'accusation contre les quatre membres du Hezbollah inculpés dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat en 2005 de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.
"Le juge de la mise en état a ordonné que sa décision (en date du 28 juin ndlr) confirmant l'acte d'accusation relatif à l'attentat du 14 février 2005, ainsi que l'acte d'accusation lui-même, soient rendus publics", a indiqué le tribunal dans un communiqué.
Selon le TSL, "le juge de la mise en état a estimé que le procureur avait présenté des éléments de preuve suffisants, de prime abord, pour que soit engagée la phase du procès".
Le tribunal a précisé que sa décision "n'implique aucunement que les individus concernés sont coupables", mais "établit seulement que suffisamment d'éléments sont réunis pour qu'ils soient jugés".
"Cette ordonnance va enfin permettre au public et aux victimes de prendre connaissance des faits allégués", a assuré le procureur Daniel Bellemare, cité dans un communiqué, accueillant "avec satisfaction" la décision et précisant que son enquête se poursuit.
Le procureur a ajouté que la divulgation apportait "de nombreuses réponses sur l'attentat", mais a prévenu que l'intégralité des faits ne serait "dévoilée que dans la salle d'audience où un procès public, équitable et transparent aboutira à un jugement définitif".
Les quatre membres du Hezbollah visés par l'acte d'accusation déposé le 17 janvier par le procureur et confirmé le 28 juin par le juge de la mise en état sont Salim Ayyash, 47 ans, Moustafa Badreddine, 50 ans, Hussein Anaissi, 37 ans, et Assad Sabra, 34 ans.
Dans l'acte d'accusation rendu public mercredi, assorti d'éléments de preuve représentant "plus de 20.000 pages", selon le bureau du procureur, on peut lire que M. Badreddine aurait "assuré la supervision générale de l'attentat" à la camionnette piégée qui a provoqué la mort de Rafic Hariri et de 22 autres personnes à Beyrouth le 14 février 2005.
M. Ayyash aurait "coordonné l'équipe d'exécution de l'assassinat chargée de la commission matérielle" de celui-ci, observant et suivant avec "d'autres personnes" la progression du convoi de M. Hariri dans Beyrouth.
Quant à MM. Anaissi et Sabra, ils auraient "préparé et déposé la cassette vidéo contenant la fausse revendication de responsabilité" vers laquelle ils avaient dirigé la chaîne Al-Jazeera par téléphone.
Dans cette cassette, posée dans un arbre, "un homme du nom d'Ahmad Abu Adass avait faussement revendiqué être l'auteur de l'attentat-suicide commis au nom d'un groupe fondamentaliste fictif appelé +Victoire et Jihad en Grande Syrie+", selon la même source.
MM. Ayyash et Badreddine sont poursuivis devant le TSL pour "complot", "commission d'un acte de terrorisme au moyen d'un engin explosif", "homicide intentionnel avec préméditation" et "tentative d'homicide intentionnel avec préméditation".
MM. Anaissi et Sabra sont également poursuivis pour "complot" et doivent répondre de "complicité" dans le cadre des autres chefs d'accusation retenus contre MM. Ayyash et Badreddine.
Les quatre hommes font l'objet de mandats d'arrêt émis par le TSL et d'une "notice rouge" émise par Interpol, mais le Hezbollah a exclu l'arrestation des membres de son mouvement.