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Soucieux de conjurer la crise de la dette, la chancelière allemande et le président français préconisent, entre autres, la mise en place d'un "gouvernement de la zone euro" ainsi que l'instauration d'une taxe sur les transactions financières.

À l'issue d'un sommet bilatéral sur la gouvernance de la zone euro qui s'est tenu ce mardi à Paris, le président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont proposé une série de mesures destinées à faire face à la crise de la dette européenne. Une rencontre que les marchés financiers attendaient avec fébrilité après la tourmente boursière de la semaine dernière et l'annonce de mauvais chiffres de croissance en Europe. Tour d’horizon des principales propositions franco-allemandes.

  • La création d’un gouvernement économique de la zone euro

La France et l'Allemagne vont proposer à leurs partenaires européens la création d'un "véritable gouvernement de la zone euro." Constitué du conseil des chefs d'État et de gouvernement, il entend se réunir deux fois par an et élire un président stable pour deux ans et demi. Les deux dirigeants ont proposé que ce nouveau poste revienne à l'actuel président de l'Union européenne (UE), le Belge Herman Van Rompuy. La proposition du poste sera formulée dans une lettre qui lui sera adressée dès mercredi matin.

"Cette mesure phare devrait rassurer les marchés qui réclamaient davantage d’intégration et de coordination budgétaire en Europe", commente Sylviane Bahr, spécialiste économie de France 24. "Pour la première fois, nous aurons un conseil permanent, un groupe économique stable qui fera face à la Banque centrale européenne [BCE], nous n’aurons plus de réunions convoquées dans l’urgence pour faire face à telle ou telle crise", analyse sur le plateau de FRANCE 24 Christian Stoffaes, président du Conseil économique et financier franco-allemand (Ceffa).

  • Taxer les transactions financières

En septembre, le couple franco-allemand va également soumettre à l'UE l’instauration d’une taxe sur les transactions financières. Considérée comme une "nécessité évidente" par la chancelière allemande, cette proposition - "sûrement une idée française", selon Christian Stoffaes - ne devrait en revanche pas "plaire du tout" aux marchés, estime Sylviane Bahr. Les deux dirigeants n'ont pas précisé les modalités de cette mesure. L’une des possibilités, popularisée par l'économiste James Tobin, consiste à taxer à un taux très faible (entre 0,05% et 1%) les mouvements internationaux de capitaux.

Toujours à propos des taxes, les deux pays se sont engagés à examiner, dès le début de 2012, l'idée d'un impôt commun sur les sociétés franco-allemandes. "Une mesure d’harmonisation fiscale qui permettrait plus de compétitivité et de renforcer la croissance", commente Sylviane Bahr.

  • Inscrire la "règle d’or" dans la Constitution

Les deux leaders européens vont proposer aux 15 autres pays membres de la zone euro d’adopter avant l’été 2012 la "règle d’or" sur l’équilibre budgétaire, déjà en vigueur en Allemagne. Concrètement, il s’agira d’inscrire dans les Constitutions l'objectif de réduction des déficits. Le couple Merkel-Sarkozy a en revanche éludé la question d’éventuelles sanctions en cas de non-respect de cette mesure. Accepter cette règle n’est ni "un problème de gauche ou de droite, c’est un problème de bon sens, a déclaré Nicolas Sarkozy. On me parle de sanctions en cas de non-respect. Mais qui peut bien être contre une règle qui vise à réduire le déficit ?"

  • Et les eurobonds ?

La question agite les responsables européens. La mise en place d'eurobonds (ou euro-obligations), qui remplaceraient les bons du Trésor émis par chaque État, est défendue par certains d'entre eux comme un moyen de renforcer la solidarité de la zone euro. Officiellement exclus des discussions du sommet, les eurobonds se sont invités dans la conférence de presse. Selon Nicolas Sarkozy, ils pourraient mettre en danger la stabilité de pays comme la France ou l’Allemagne. "Les eurobonds, un jour peut-être, mais à la fin d'un processus d'intégration, pas au début du processus d'intégration", a précisé le président français. Même son de cloche du côté de la chancelière allemande qui "ne croit pas que les euro-obligations nous aideraient aujourd'hui."

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont clos le sommet en se déclarant confiants dans la croissance de la zone euro, alors que la hausse du produit intérieur brut (PIB) de leurs deux pays a enregistré un net ralentissement au deuxième trimestre.