Les "indignés", qui réclament davantage de "justice sociale", ont étendu les manifestations à douze nouvelles villes israéliennes, dont Beersheva et Haïfa. Benjamin Netanyahu s'est dit prêt à infléchir son approche libérale de l'économie.
AFP - Des dizaines de milliers d'Israéliens se sont rassemblés samedi soir contre la vie chère dans une douzaine de localités du pays, des manifestations sortant de Tel Aviv et Jérusalem pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation sociale il y a un mois.
it"L'essentiel pour nous, c'est de montrer que le peuple est uni, que nous vivons dans un seul et même pays et qu'il faut tout faire pour combler les disparités sociales", a plaidé Stav Shafir, une des dirigeante du mouvement.
Si la mobilisation n'a pas atteint le niveau historique de samedi dernier à Tel Aviv --300.000 personnes, du jamais vu pour un mouvement social en Israël--, elle témoigne néanmoins d'un ancrage national qui n'avait pas encore eu l'occasion de s'exprimer.
Selon le porte-parole de la police nationale, Micky Rosenfeld, les manifestations ont réuni samedi soir un peu de 50.000 personnes, dont 25.000 à Haïfa, la capitale du nord d'Israël, et 15.000 à Beersheva, la grande ville du Néguev, au sud, une région défavorisée.
Les médias ont estimé à plus de 73.000 le nombre de manifestants tandis que les organisateurs donnaient le chiffre de 100.000 dans tout le pays, dont 40.000 pour la seule ville de Beersheva.
Les dirigeants du mouvement et militants de base ont affiché leur satisfaction d'avoir pu mobiliser en dehors des deux plus grandes villes d'Israël.
it"On entend finalement la voix de gens du Sud, pas seulement celle de Tel Aviv", a expliqué Adar Meron, une danseuse de flamenco, la première à dresser un tente de protestation à Beersheva, après la naissance du mouvement à Tel Aviv.
Sur une grande place de Beersheva, une immense banderole était déployée, sur laquelle était écrit: "Le Néguev se réveille", tandis que des manifestants brandissaient des pancartes: "Israël m'est cher", "Le Sud en colère", "Pour un Etat providence maintenant".
Pour Haïm Bar-Yaakov, 53 ans, un travailleur social de Beersheva, cette manifestation a constitué "un moment historique". "J'habite depuis 40 ans dans cette ville, je n'ai jamais vu une telle mobilisation. Le peuple tout entier, Juifs et Arabes, Sépharades et Ashkenazes (juifs orientaux et d'Europe de l'est), est uni pour une société plus juste", a-t-il expliqué. Des Bédouins et des juifs religieux se sont aussi mêlés aux constestataires.
Des rassemblements ont également eu lieu notamment à Afula, en Galilée, dans le nord, à Modiin (centre) et Eilat (extrême sud).
Les foules ont de nouveau scandé: "Le peuple exige la justice sociale", le slogan adopté par la contestation depuis son début à la mi-juillet avec l'apparition des premières tentes de protestations le long du boulevard Rothschild, dans le quartier le plus chic de Tel-Aviv.
itSamedi, l'objectif déclaré des organisateurs n'était pas seulement d'étendre le mouvement à la "périphérie" mais aussi de mobiliser les classes populaires afin de ne pas apparaître comme une protestation de "bobos" (bourgeois bohème) de Tel Aviv, caricaturés sous les vocables d'"amateurs de sushis et fumeurs de narguilé".
Depuis le début de la contestation, ce sont surtout les classes moyennes et les étudiants qui ont été les plus actifs.
Selon un sondage rendu public mardi, une très grande majorité de la population israélienne (88%) soutient cette grogne sociale, la première du genre d'une telle ampleur en Israël et 53% d'entre eux se disent prêts à participer à des manifestations.
Soumis à cette pression, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est dit prêt à infléchir son approche ultra-libérale de l'économie pour répondre aux exigences des manifestants.
Il a créé une commission chargée de proposer des réformes avec les partenaires sociaux et de présenter des recommandations au gouvernement d'ici un mois.