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Le président Nicolas Sarkozy a interrompu ses vacances pour tenir une réunion d'urgence mercredi à l'Élysée sur la situation financière hexagonale. Il promet pour le 24 août de nouvelles mesures de réduction du déficit pour calmer les marchés.

Une réunion de crise qui ne dit pas son nom ? Nicolas Sarkozy a interrompu  ses vacances au Cap Nègre, dans le sud de la France, afin d'organiser une "réunion de travail sur la situation économique et financière" en présence, entre autres, du Premier ministre François Fillon, des ministres François Baroin (Économie) et Valérie Pécresse (Budget).

Objectif de la rencontre : rassurer les marchés à tout prix alors que les places boursières réagissaient hier aux rumeurs de dégradation de la note française par l’agence Fitch et de faillite de la Société générale. Rumeurs démenties par Bercy et le PDG de la banque française, Frédéric Oudéa, qui a par ailleurs sollicité l'ouverture d'une enquête de l’Autorité des marchés financiers sur "ces rumeurs extrêmement nocives " à l'origine de la dégringolade de près de 15 % de la valeur du titre mercredi.

Malgré le discours rassurant du gouvernement, qui a confirmé que la France prendrait des mesures pour atteindre ses objectifs de réduction des déficits budgétaires, les marchés financiers restent frileux. "Les engagements de réduction du déficit des comptes publics sont intangibles et seront tenus quelle que soit l’évolution de la situation économique", a déclaré l’Élysée dans un communiqué au sortir de la réunion.
Ainsi, quelle que soit la conjoncture économique mondiale, la France ramènera son déficit public à 5,7 % du PIB en 2011, à 4,6% l’an prochain et à 3 % en 2013.  Mais comment tenir les engagements qui garantissent de conserver le fameux triple A, condition sine qua non pour emprunter au meilleur taux sur les marchés financiers ?
Peut-on échapper à une augmentation des impôts ?
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Pour réduire la dette, deux solutions sont avancées : augmenter les impôts de manière ciblée ou réduire les dépenses publiques, au risque, comme le dénoncent certains économistes, de ralentir la croissance. Nicolas Sarkozy a présenté hier son calendrier budgétaire, mais les nouvelles mesures seront arrêtées le 24 août. La seule certitude à ce stade est que le prochain budget se placera sous le signe de la rigueur.
François Baroin et Valérie Pécresse restent unanimes : il n’y aura pas "d’augmentation générale" des impôts. Seules des mesures ciblées devraient donc être prises : diminution des dépenses publiques au menu et suppression des niches fiscales. Soit une hausse d’impôts qui ne dit pas son nom. Mais, selon l’économiste Gunther Capelle-Blancard, des mesures de redressement plus drastiques pourraient être adoptées à plus long terme.
"Pour l’instant, il n’est pas question d’augmenter la TVA ni l’impôt sur le revenu mais de prendre des mesures plus ciblées. Si la situation empire, on ne pourra pas échapper à des augmentations d’impôts globales et des mesures plus douloureuses", estime Gunther Capelle-Blancard, professeur d’économie à la Sorbonne. 
Des mesures soumises au calendrier électoral
Le gouvernement tentera également de réduire ses dépenses, en prévoyant des économies du côté de la Sécurité sociale et des collectivités locales.
Mais à huit mois et demi de l’échéance présidentielle, et dans un contexte où le marché de l’emploi est en berne – remontée du chômage en mai et juin après quatre mois de baisse – l’urgence consiste surtout à rassurer les marchés…et les électeurs. Selon Gunther Capelle-Blancard, les décisions impopulaires attendront donc le lendemain de l'élection. 
"La vraie rigueur n’aura pas lieu avant l’élection présidentielle de 2012. Tous les candidats, de gauche comme de droite, vont proposer des solutions pour réduire les dépenses publiques mais il faudra la légitimité du suffrage universel pour avancer les mesures nécessaires qui seront, de toute façon, impopulaires. Cela fait dix ans que la France vit au-dessus de ses moyens, il faut désormais en tirer les conséquences", continue Gunther Capelle-Blancard.
Le Parti socialiste, qui dénonce l’inertie du gouvernement, souhaite que le Parlement soit saisi dès le mois de septembre pour une "réorientation de la politique fiscale".