Un an après leur spectaculaire et médiatique sauvetage, les 33 mineurs chiliens, emprisonnés à plus de 600 mètres sous terre pendant 69 jours, ont renoué avec leur quotidien. Cependant, sept d'entre eux sont toujours en arrêt maladie.
AFP - Ils ont connu l'enfer, puis la célébrité planétaire, ont pris l'avion pour la première fois, reçu des cadeaux de stars du rock, du football, du pape. Mais un an après leur calvaire de 69 jours, peu des 33 mineurs miraculés d'Atacama ont renoué le fil d'une vie normale.
Certains animent des conférences-causeries à partir de leur expérience, une poignée est revenue à la mine par nécessité, ou par atavisme.
Mais la plupart enchaînent les petits boulots: mécanique, bâtiment, vente sur les marchés et sont sans emploi stable.
Sept des miraculés de la mine de San Jose sont encore en arrêt maladie, sous suivi médical et psychologique. Cauchemars, troubles du sommeil, peur de l'obscurité figurent parmi les symptômes. Le benjamin du groupe Jimmy Sanchez (20 ans), ou Jose Ojeda, 47 ans, sont parmi les plus affectés.
"Pour certains, il est encore pénible de se souvenir, ils souffrent", explique à l'AFP le mineur Luis Urzua, qui fut chef de quart des 33 au moment de l'accident le 5 août, et le dernier à sortir de la mine, le 13 octobre, lors du spectaculaire sauvetage suivi par le monde entier.
"Nous n'avons pas tous la même capacité à nous remettre", dit-il.
Le médecin de l'Association chilienne de sécurité (organisme de médecine du travail) chargé du suivi des mineurs, assure que la plupart de ceux qui ne sont plus en arrêt-maladie mène "une vie normale, et sont traités chez eux pour un quelconque trouble".
Une forme de normalité est revenue: les invitations et l'attention dévorantes des premiers mois, qui vit les mineurs visiter jusqu'à 14 pays, pour un show aux Etats-Unis, une télévision en Espagne, un match de football en Angleterre, un pèlerinage en Terre Sainte, est retombée depuis de longs mois.
Seuls quelques uns, comme Edison Pena, le "fan d'Elvis", ou Mario Sepulveda "l'extraverti" ont exploité cette veine au mieux, et sont encore régulièrement sollicité à l'étranger. Sepulveda a un agent aux Etats-Unis, Pena était fin juillet l'invité d'un festival de fans d'Elvis Presley au Canada.
"Je m'en suis super bien sorti, expliquait récemment à l'AFP Sepulveda. Parce que je suis un monstre de travail, et je sais qu'il faut savoir profiter des circonstances de la vie".
Plusieurs mineurs continuent de parler, parler de leur cauchemar souterrain: de ce qui les fit tenir, des vertus de la solidarité, de la foi, et... de la sécurité au travail, dont la mine San Jose fut un tragique contre-exemple.
M. Urzua, Omar Reygadas, Claudio Yanez, Jorge Galleguillos sont parmi une demi-douzaine qui vivent en partie de conférences-causeries, le plus souvent dans un cadre d'entreprises privées.
Mais la subsistance stable reste un souci pour la plupart des 33, à mesure que sont sont éteintes les indemnités-maladie pour les valides, et l'argent offert par un excentrique magnat minier, Leonardo Farkas (l'équivalent de 7.500 euros par mineur, plus une petite moto).
Quatorze d'entre eux ont demandé une retraite anticipée.
Mais tous ont aussi au feu une ou des actions en justice: une demande d'indemnité de 12 millions de dollars au total contre les propriétaires de la mine, et une autre contre l'Etat chilien pour négligence, pour laquelle ils réclament quelque 540.000 dollars (380.000 euros) chacun.
Judiciaire, médicale ou médiatique, la fin de l'incroyable épopée des "33" n'est pas encore écrite.
Des films sont en préparation, de nouveaux livres doivent être publiés, cette fois avec confidences des mineurs eux-mêmes, confidences aux droits protégés par une société anonyme qu'ils ont fondée.
Un an après, ces bribes de souvenirs devraient encore fasciner.
"L'histoire a rassemblé le monde entier, qui n'a pas l'habitude de ce genre de choses heureuses", analyse Urzua.