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Le Conseil de sécurité de l'ONU demeure divisé sur le dossier syrien

Alors que l'armée syrienne continuait de bombarder, lundi soir, la ville rebelle de Hama, le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni en urgence, n'est pas parvenu à s'entendre sur une résolution qui condamnerait la répression du régime de Damas.

AFP - Une réunion de consultations d'urgence sur la répression syrienne contre l'opposition s'est tenue lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, où Européens et Américains cherchaient à obtenir une condamnation de Damas.

Cette réunion, qui s'est terminée sans résultat concret, a été mise à l'ordre du jour après les violences du week-end, dans lesquelles environ 140 personnes ont été tuées, principalement dans la ville de Hama, l'un des bastions de la contestation.

Un haut responsable de l'ONU a souligné au cours des discussions à huis clos qu'en plus des morts, on comptait 3.000 disparus et 12.000 personnes jetées en prison depuis le début des manifestations contre le régime de Bachar al-Assad en mars, ont rapporté des diplomates.

La Grande-Bretagne la France, l'Allemagne et le Portugal, soutenus par les Etats-Unis, veulent pousser à l'adoption d'une résolution condamnant la répression, qui pourrait être à nouveau débattue mardi. Des diplomates ont cependant indiqué qu'il était plus probable que le Conseil de sécurité se mette d'accord sur une simple déclaration, non contraignante.

La Russie et la Chine, deux des cinq membres permanents du Conseil, avaient déjà menacé d'opposer leur veto à un projet de résolution, soutenues par le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud.

Mais des diplomates ont souligné que tous les pays avaient exprimé lundi leurs préoccupations concernant l'intensification de la répression, et que l'idée d'une action du Conseil gagnait en popularité parmi ses membres.

l'UE sanctionne le ministre syrien de la défense

Le ministre syrien de la Défense, le général Ali Habib Mahmoud, compte parmi les cinq nouvelles personnes sanctionnées par l'Union européenne pour leur rôle dans la répression contre des manifestants en Syrie, a indiqué mardi le Journal officiel de l'UE.

Le chef de la sécurité militaire dans la ville de Hama, Mohammed Mufleh figure également sur la liste des personnes privées de visa et dont les avoirs sont gelés.

Les trois autres personnes sanctionnées par l'UE sont le général de division Tawfiq Younes, chef de la division +sécurité intérieure+ des renseignements généraux, Mohammed Makhlouf, alias Abu Rami, oncle maternel du président syrien Bachar al-Assad, et Ayman Jabir, associé du frère cadet du président al-Assad, Maher al-Assad, dans le cadre de la milice Shabiha.

(source : AFP)
 

L'ambassadrice américaine, Susan Rice, a indiqué qu'un état des lieux "inquiétant" avait été fait devant le Conseil par le secrétaire général adjoint Oscar Fernandez Taranco.

"Il y a eu une assez large expression de préoccupation, voire de condamnation", a-t-elle dit à la presse à l'issue de la réunion.

Un diplomate occidental a expliqué que les pays européens avaient modifié leur projet de résolution présenté pour la première fois il y a deux mois, qui appelle le régime syrien à mettre fin aux violences et réclame que l'ONU ait accès aux villes où les manifestations ont lieu, et que soit ouverte une enquête sur les violations des droits de l'homme.

"Le silence du Conseil de sécurité a encouragé la répression à se poursuivre", a relevé un autre diplomate occidental.

Certains pays qui s'opposaient à une action il y a deux mois se sont montrés ouvertement critiques envers le régime de Bachar al-Assad.

"J'ai décelé une certaine convergence de vues et des inquiétudes partagées concernant l'escalade de la violence", a ainsi déclaré Hardeep Singh Puri, l'ambassadeur indien et président du Conseil de sécurité en août. "Les membres du Conseil se sont montrés préoccupés par l'escalade de la violence", a-t-il ajouté, indiquant toutefois qu'il n'y avait "pas d'urgence" à agir.

Quant à l'ambassadeur de Russie, Vitali Tchourkine, qui avait menacé d'opposer son veto au précédent projet de résolution, il a jugé qu'il fallait "se débarrasser de l'ancienne manière de penser basée sur la confrontation".

M. Tchourkine a jugé la proposition de résolution "quelque peu excessive", mais a indiqué qu'une déclaration du Conseil pouvait faire l'objet d'un accord. "S'il y a la possibilité d'obtenir un texte (...) nous ne serions pas contre", a-t-il dit à la presse.

La Russie, la Chine et d'autres opposants à une résolution sont furieux que l'Otan se soit servi de résolutions sur la Libye pour justifier les attaques aériennes contre le régime de Mouammar Kadhafi, et craignent que l'adoption d'une résolution sur la Syrie risquait d'ouvrir la voie à une campagne militaire contre Bachar al-Assad, ce que les responsables européens et de l'Otan ont vivement démenti lundi.

Mais les événements en Libye "vont continuer de jeter une ombre" sur les débats au Conseil de sécurité, a estimé M. Tchourkine.