
Pour tenter de répondre à la famine qui sévit dans la Corne de l'Afrique, la FAO a convoqué un sommet extraordinaire à Rome. Plus d’un milliard d’euros sont nécessaires pour enrayer la tragédie en cours, selon le directeur général de la FAO.
Alors que la Corne de l’Afrique affronte l'une des plus graves sécheresses qu'elle ait connue depuis 60 ans, L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a convoqué, ce lundi, une réunion d'urgence à Rome. Objectifs affichés : récolter 1,1 milliard d’euros pour venir en aide aux 12 millions de personnes menacées par la faim dans cette région.
"L’enjeu de ce sommet extraordinaire est principalement financier, explique Éric Joszef, le correspondant de Libération à Rome. Il s’agit de savoir à quelle hauteur et à quelle vitesse la communauté internationale va répondre à la demande des Nations unies pour faire face à cette tragique crise alimentaire".
Lenteur de la communauté internationale
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Depuis le début de l’année, les donateurs internationaux ont été très critiqués pour la lenteur de leur réponse face à cette sécheresse d’une ampleur exceptionnelle. Ce rendez-vous - convoqué à la demande de la France qui préside le G20 - avait avant tout pour objet d'inciter les pays riches à se mobiliser davantage. "Il faut sauver des vies et réagir !", a lancé Jacques Diouf, le secrétaire général de la FAO, à l’ouverture de la conférence. "La situation exige une aide internationale massive et urgente". Avant l'ouverture de la conférence, une trentaine de personnalités, dont le chanteur Bob Geldof, ont lancé un appel pour que les pays "annoncent le montant de leur aide et trouvent cet argent sans délai, sans détour, sans équivoque".
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Bruno Le Maire, ministre français de l’Agriculture, a lui aussi tiré la sonnette d’alarme. "Si nous ne prenons pas les mesures nécessaires, la faim sera le scandale de ce siècle", a-t-il estimé avant de comparer ce rendez-vous à "une question de vie ou de mort pour des milliers de personnes". Le ministre a rappelé que 100 millions d’euros d'aide doivent être versés par l'Union européenne, dont 10 millions par la France. La Banque mondiale a de son côté promis 350 millions d’euros. Une conférence des donateurs doit se tenir ce mercredi à Nairobi pour faire le point sur toutes les sommes mobilisées.
"Le temps est désormais compté", rappelait dans un communiqué, le 20 juillet, Fran Equiza, directrice régionale en Afrique de l'Est de l’ONG Oxfam . "Il n'y a plus aucune excuse à l'inaction des pays occidentaux". La crainte d’une aggravation de cette crise humanitaire est d’autant plus redoutée qu’aucune goutte de pluie n’est prévue avant le mois de novembre, rappelle encore le journaliste Eric Joszef.
Le cas somalien
La sécheresse qui sévit actuellement dans la Corne de l'Afrique a déjà provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes ces dernières semaines et menace des millions d’autres au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, au Soudan, en Ouganda et en Somalie, six pays décrétés en "état de famine" par l’ONU.
"La situation la plus préoccupante est en Somalie, pays qui compte à lui seul 3,7 millions de personnes menacées de disette", rappelle Eric Joszef.
Troupeaux de bétail décimés, flambée des prix des denrées, raréfaction des points d’accès à l’eau potable et paupérisation massive de la population, la situation est "tragique", selon Yves Van Loo, porte-parole du Comité international de la Croix-rouge (CICR), interrogé par France 24. "Le pays est littéralement en train de mourir", déclare-t-il.
Pont aérien
La directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), Josette Sheeran, a annoncé au cours du sommet de Rome qu'un pont aérien d'aide pour Mogadiscio commencerait dès mardi avec, pour priorité, la livraison de produits nutritifs aux enfants. "Notre principal source d'inquiétude, ce sont les enfants. Nous les voyons arriver (...) en état de malnutrition avancée. Ils ont très peu de chances - moins de 40% - de s'en sortir. Je n’ai jamais vu ça", a-t-elle déclaré au cours de la conférence de presse qui a suivi la réunion.
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Cette crise alimentaire somalienne est aggravée par l’instabilité politique. Les shebab islamistes qui contrôlent deux régions du sud bloquent l’accès sur les territoires qu'ils contrôlent aux agences onusiennes et autres organisations humanitaires non-musulmanes. À l’heure actuelle, seule une poignée d’organisations sont présentes sur place et leurs effectifs sont sporadiques. "C’est notre première difficulté : nous ne sommes pas assez nombreux pour répondre aux besoins de la population", s’inquiète Yves Van Loo, du CICR, qui ajoute : "Nous ne pouvons pas couvrir tout le territoire ; or certaines personnes, en détresse extrême, ne peuvent même pas se déplacer jusqu’à nous."