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Les tribus s'unissent pour lutter contre Al-Qaïda dans le sud du pays

Les factions tribales de la province d'Abyane se sont alliées pour reprendre le contrôle de la ville de Zinjibar, dans le sud du Yémen, aux mains de combattants islamistes liés à Al-Qaïda.

AFP - Depuis la violente prise de contrôle de la ville de Zinjibar, dans le sud du Yémen, par des combattants liés à Al-Qaïda, les tribus de la région ont pris peur et commencé à se rallier contre le réseau après l'avoir bien accueilli dans le passé.

Au cours des six derniers jours, les tribus de la province d'Abyane ont réussi à chasser les combattants d'Al-Qaïda de plusieurs localités qu'ils contrôlaient, affirme un responsable tribal, cheikh Mohammad al-Nakhii.

"Les tribus ont formé une alliance dans la province pour chasser Al-Qaïda de leurs villes et villages, la présence de ces éléments constituant une menace pour les habitants", explique-t-il.

En raison de leur opposition au pouvoir central yéménite, les tribus du Sud avaient pourtant bien accueilli Al-Qaïda ces dernières années, et certains de leurs fils s'étaient enrôlés dans les rangs du réseau terroriste.

Chef de la tribu des Nakhiine et responsable administratif de la localité de Moudia, cheikh Mohammad al-Nakhii assure que ses hommes ont été les premiers à prendre l'initiative du revirement.

A la suite d'une médiation entre les tribus et Al-Qaïda, les hommes du réseau se sont retirés de Moudia et les tribus ont mis en place des barrages aux entrées de la localité.

"Les tribus de Mehfed et Jaar ont emboîté le pas", ajoute le responsable tribal, soulignant que le contrôle d'Al-Qaïda se limite désormais à Zinjibar, à la localité de Lauder, dont les tribus n'ont pas encore pris position, et aux environs de Jaar.

Le 29 mai, des centaines d'hommes armés se réclamant des "Partisans de la Charia", une organisation jusqu'alors inconnue et liée à Al-Qaïda, ont pris sans coup férir Zinjibar, chef-lieu de la province d'Abyane, provoquant un exode massif des habitants terrorisés.

Depuis, des combats meurtriers opposent ces islamistes à une brigade mécanisée de l'armée yéménite, dont ils encerclent la base dans la ville.

Selon cheikh Mohammad al-Nakhii, cette prise de Zinjibar, accompagnée de "l'exode des habitants et de la destruction des infrastructures de la ville", a provoqué le revirement des tribus.

Cela "place al-Qaïda dans une situation difficile, et son activité va être grandement réduite dans la province d'Abyane", une région stratégique qui commande l'un des accès à Aden, la grande ville du Sud, souligne-t-il.

"L'entrée des tribus dans une alliance tacite avec les forces gouvernementales a permis de desserrer le siège de la brigade mécanisée à Zinjibar" et "empêche désormais les hommes d'Al-Qaïda de recevoir des renforts depuis les provinces voisines", assure un responsable de l'armée à Abyane.

"Le réseau a perdu tout soutien populaire lorsqu'il a attaqué Zinjibar", renchérit le journaliste Saleh al-Hanchi, qui habite à Jaar, précisant que des chefs armés locaux qui s'étaient ralliés à Al-Qaïda se sont récemment rangés du côté des tribus.

Les agissements des islamistes armés, qui ont voulu imposer leur loi dans les localités dont ils ont pris le contrôle, tuant les fils de tribus faisant partie de l'armée ou interdisant les publications non conformes selon eux à la loi islamique, ont en effet provoqué le ressentiment de la population.

Vendredi, des centaines d'habitants de Jaar ont défilé dans les rues, scandant "Al-Qaïda, sors de notre région", selon des habitants.

Les habitants -- tous armés comme la majorité de la population au Yémen -- ont menacé de tuer les éléments du réseau qui demeureraient dans la région, selon Mohsen Salem Saïd, un responsable local qui a participé à la manifestation.

"Si les tribus poursuivent cette politique, Al-Qaïda sera éradiquée dans la province d'Abyane, car elles sont plus efficaces que l'armée", assure un notable tribal soutenant le réseau d'Oussama ben Laden.