Des dizaines de milliers d'étudiants réclamant à l'État davantage de moyens pour l'enseignement public ont défilé, jeudi, dans les rues de la capitale chilienne. Quelque 32 policiers ont été blessés lors de heurts.
AFP - Au moins 32 policiers ont été blessés jeudi, dont deux grièvement, dans la capitale chilienne lors de nouveaux affrontements pendant une manifestation de plusieurs dizaines de milliers d'étudiants réclamant à l'Etat des moyens accrus pour l'enseignement public.
La police a procédé à 54 interpellations, a également indiqué le chef de la police de Santiago, Sergio Gajardo.
Les forces de police ont fait usage de grenades lacrymogènes et de lances à incendie pour tenter de disperser les manifestants qui voulaient se rassembler devant le palais présidentiel de la Moneda sans autorisation des autorités.
Des jeunes ont répliqué à coups de pierres, de bâtons et de projectiles de peinture, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Un membre des forces de l'ordre a été grièvement blessé par une bombe artisanale de type cocktail Molotov, selon la police.
Selon les autorités, la manifestation a rassemblé quelque 30.000 personnes, contre 80.000 pour les organisateurs.
Interrogé sur la situation, le ministre-adjoint de l'Intérieur Rodrigo Ubilla s'est contenté d'expliquer que la police avait dispersé le rassemblement car il n'était pas autorisé devant la présidence, contrairement aux marches précédentes.
"Ils jouent avec le feu. Cette marche n'était pas autorisée", a déclaré M. Ubilla à des journalistes.
"Les étudiants doivent comprendre que la rue ne leur appartient pas", a surenchéri la porte-parole du gouvernement Ena von Baer.
De leur côté, plusieurs leaders estudiantins ont expliqué que le parcours de la manifestation, prévu depuis plusieurs jours, était difficilement modifiable au dernier moment.
La marche avait débuté dans une ambiance bon enfant et rassemblait étudiants, professeurs, parents et enfants, mais la situation a dégénéré à l'avant du cortège, lorsque les policiers ont tenté d'empêcher les manifestants de rejoindre la Moneda.
Plusieurs rassemblements massifs d'étudiants avaient déjà ponctué le mois de juin, mobilisant à deux reprises plus de 80.000 personnes.
Le 30 juin, des heurts violents entre manifestants et policiers s'étaient déjà soldés par 13 arrestations et un policier blessé.
Les étudiants veulent que l'Etat reprenne la tutelle des établissements publics qui accueillent 90% des 3,5 millions d'élèves. Leur gestion avait été déléguée aux municipalités par le régime militaire et néolibéral du général Augusto Pinochet (1973-1990).
L'Etat consacre 4,4% du PIB (contre 7% recommandés par l'Unesco) à l'éducation, et les profondes inégalités du système éducatif --reflétant les différences sociales du pays-- avaient déjà été la source de révoltes sous les gouvernements de centre-gauche.
Aujourd'hui, c'est Sebastian Piñera, devenu début 2010 le premier président de droite du Chili depuis 20 ans, qui est confronté au malaise de l'éducation.