La Libye a annoncé l'"arrêt total" de sa coopération énergétique avec l'Italie. Tripoli ajoute qu'à l'avenir aucun accord ne sera signé avec le géant pétrolier italien ENI en raison de la participation du pays aux frappes de l'Otan.
AFP - Les autorités libyennes ont annoncé jeudi l'"arrêt total" de leur coopération énergétique avec Rome, affirmant qu'aucun accord ne serait signé à l'avenir avec le géant pétrolier ENI en raison de la participation italienne aux frappes de l'OTAN.
"ENI c'est terminé et pour de bon", a affirmé le Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, devant la presse, déplorant que Rome ait "violé" un accord de non agression signé il y a trois ans avec la Libye en participant aux raids de l'Otan contre le régime de Mouammar Kadhafi.
"Nous n'aurons plus de partenariat avec ENI et l'Italie n'obtiendra à l'avenir aucune part dans les contrats pétroliers en Libye", a ajouté M. Mahmoudi, estimant les investissements d'ENI dans le secteur pétrolier libyen à 30 milliards de dollars.
"En vertu de l'accord signé et adopté par les parlements des deux pays, l'Italie s'engagait à ne pas agresser la Libye, malheureusement depuis le début de l'agression ses avions tuaient nos enfants et détruisaient nos maisons et les infrastructures de notre pays", a dit le Premier ministre.
Le responsable libyen est toutefois resté prudent à propos de la France et des Etats-Unis, en affirmant que Tripoli tendait la main à ces deux pays et se tenait "prêt" à négocier des contrats pétroliers avec eux car ils "commencent à revoir leur position sur l'agression atlantique" contre la Libye.
"Les deux pays ont commencé à revoir leur position, les Etats-Unis notamment fournissant une aide logistique à l'Otan, a dit le responsable libyen
"S'ils font un pas en notre direction, nous ferons de même", a-t-il souligné
M. Mahmoudi a expliqué que son pays, secoué depuis cinq mois par une révolte devenue guerre civile, allait renégocier les contrats pétroliers en accordant la priorité à la Russie, à la Chine et aux pays de l'Amérique latine.
La Russie s'est abstenue lors du vote par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution qui a ouvert la voie à une intervention internationale en Libye et à depuis critiqué les objectifs et l'intensité des frappes de l'Otan.
La Chine a pour sa part maintenu une ligne de non-ingérence dans le conflit mais plusieurs séries de contacts ont eu lieu récemment entre responsables chinois et représentants de l'opposition libyenne.
La Libye, membre de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), exportait avant la guerre civile 1,49 million de barils par jour, en majeure partie (85%) vers l'Europe. Plusieurs entreprises étrangères exploitaient alors les gisements pétroliers, tel qu'ENI et le Norvégien Statoil.
Mais la poursuite des combats autour du golfe de Syrte, où se situent les terminaux pétroliers, a engendré une baisse drastique de la production, forçant les pays membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) à puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole, afin de contrer les menaces de "pénurie" à l'entrée de l'été dans l'hémisphère nord.
La Compagnie nationale du pétrole (NOC), géant public, est actuellement sous le coup de sanctions internationales.
"Le pétrole a été utilisée comme une arme contre nous", a dit M, Mahmoudi, déplorant le fait que "les compagnies européennes qui ont profité de contrats en Libye ont été les premières à appliquer les sanctions contre la NOC et à ne pas traiter avec elle".