Les députés français ont voté, ce mardi, par 482 voix contre 27 la prolongation de l'intervention militaire des forces françaises sous la bannière de l'Otan en Libye. Le Sénat doit voter à son tour ce soir.
REUTERS - Le gouvernement a aisément obtenu mardi le feu vert de l'Assemblée pour poursuivre l'intervention de l'armée française en Libye afin de faire plier le régime de Mouammar Kadhafi, une "cause juste" selon lui.
L'intervention de la coalition, où Paris joue un rôle en pointe avec le Royaume-Uni, n'ayant pas permis de faire tomber le régime au bout de quatre mois, le gouvernement avait l'obligation de solliciter l'autorisation de l'Assemblée et du Sénat pour une durée qui n'est pas limitée dans le temps.
Le "oui" l'a emporté à l'Assemblée avec une très large majorité de 482 voix contre 27.
Les socialistes ont soutenu l'intervention, tout en demandant au gouvernement de revenir devant la représentation nationale en septembre si l'opération n'était pas terminée à cette date. Les élus communistes s'y sont opposés et les écologistes se sont divisés.
Malgré les critiques qui dénoncent un enlisement de l'intervention, le Premier ministre, François Fillon, a appelé à la constance et à la détermination, affirmant que la Libye ne "devait pas être l'hiver du printemps arabe"
Pour le Premier ministre, cette "cause est juste" et c'est pourquoi "le gouvernement et le parlement ne tremblent pas devant leurs responsabilités."
"Je me tourne vers la majorité et l'opposition avec la certitude qu'il existe sur tous les bancs la même volonté de faire plier le régime libyen", a-t-il déclaré.
François Fillon a affirmé que les soutiens du régime ne cessaient de s'effriter et que ses capacités militaires avaient été sérieusement dégradées. "Kadhafi est acculé. Il se dit lui-même 'dos au mur'", a-t-il dit.
Kadhafi prêt à partir ?
Selon le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, la communauté internationale a des contacts avec des émissaires libyens qui affirment que Mouammar Kadhafi est prêt à partir.
"Nous recevons des émissaires qui nous disent 'voilà : Kadhafi est prêt à partir'", a-t-il dit sur France Info.
François Fillon a égrené les pertes infligées aux forces du colonel Kadhafi, avec, selon lui, 2.500 objectifs touchés, parmi lesquels 850 sites logistiques, 160 centres de commandement, 450 chars, 220 véhicules et 140 pièces d'artillerie.
Il a assuré que depuis le début des opérations, en mars dernier, l'objectif des 4.400 hommes et femmes engagés dans l'opération Harmattan, dont 800 en métropole sur certaines bases aériennes, n'était pas d'éliminer le dirigeant libyen.
"La France, depuis le début de l'intervention, s'en tient au mandat défini par le Conseil de sécurité des Nations unies. Celui-ci n'est pas d'éliminer le colonel Kadhafi", a-t-il dit.
"Une solution politique en Libye est plus que jamais indispensable et elle commence à prendre forme", a-t-il dit.
Il a cité les conditions de la suspension des opérations militaires: un cessez-le-feu authentique et vérifiable qui suppose notamment un retour des forces de Kadhafi dans leurs casernes; la fin des exactions contre les populations civiles et le libre accès de l'aide humanitaire; le retrait, enfin, du colonel Kadhafi du pouvoir.
Les socialistes n'ont pas voulu s'opposer à la prolongation.
"Si aujourd'hui nous mettions fin aux opérations, nous enverrions le signal au colonel Kadhafi qu'il peut reprendre le chemin de Benghazi, qu'il peut s'engager à nouveau dans ses massacres", a expliqué Bernard Cazeneuve, orateur du groupe PS.
Il a toutefois demandé au gouvernement de "revenir en septembre devant le Parlement si l'opération n'est pas terminée", parlant de "clause de revoyure".
Jean-Jacques Candelier, orateur des députés communistes et apparentés, a confirmé son opposition à l'intervention.
"Aujourd'hui, comme hier, nous exigeons l'arrêt immédiat des opérations de bombardement, un cessez-le-feu immédiat", a-t-il dit en estimant que l'opération était "un échec politique et militaire". Il a réclamé "une diplomatie sans bombes".