Conseiller officieux de Nicolas Sarkozy sur l'Afrique, Robert Bourgi a confirmé les informations selon lesquelles Karim Wade (photo) lui aurait demandé de faire intervenir l'armée française lors des émeutes qui ont secoué Dakar la nuit du 27 juin.
AFP - Le fils du président sénégalais Abdoulaye Wade, Karim Wade, a demandé l'intervention de l'armée française lors des violentes manifestations contre les coupures d'électricicité le 27 juin à Dakar, a déclaré mercredi l'avocat Robert Bourgi, réputé influent auprès de l'Elysée.
"Dans la nuit (du 27 au 28 juin), lorsque les évènements tragiques se déroulaient à Dakar, j'ai été réveillé (...) par Karim Wade qui me dit ceci: tonton, Dakar et le Sénégal sont dans une situation quasi insurrectionnelle. Les immeubles administratifs brûlent, ça brûle de tous les côtés", a dit M. Bourgi à Radio futur médias (RFM, privée).
itIl y a "des milliers de manifestants" et "on ne sait jamais, des intérêts français peuvent être touchés", aurait ajouté le fils Wade, selon M. Bourgi.
"Je lui ai dit Karim, tu paniques, je voudrais que tu sois un peu plus cohérent. Il me dit on ne sait jamais, l'armée française est là pour quelque chose. Je l'ai immédiatement arrêté, je ne suis pas une autorité politique, je ne suis qu'avocat au barreau de Paris", a ajouté M. Bourgi.
En demandant une intervention, Karim Wade "pensait aux plus hauts échelons de l'Etat français", selon M. Bourgi, affirmant lui avoir répondu qu'il s'agissait "d'une affaire sénégalo-sénégalaise", refusant "de manière claire et nette ce qu'il me demandait", à savoir appeler le président Nicolas Sarkozy.
Karim Wade, 42 ans, occupe des postes clés dans le gouvernement: ministre d'Etat, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l'Energie.
Des responsabilités qui lui valent d'être affublé par la presse privée du titre de "ministre de la terre, des airs et de la mer".
Quatre jours après de premières émeutes le 23 juin, d'autres manifestations violentes se sont produites à Dakar: des habitants, excédés par les longues et fréquentes coupures de courant, ont incendié plusieurs bâtiments publics, en particulier ceux de la Société nationale d'électricité (Sénélec) qui dépend de Karim Wade.