Dans un message sonore diffusé sur la Place verte de Tripoli, Mouammar Kadhafi a brandi la menace d'une "catastrophe" si les troupes de l'Otan ne battent pas en retraite. Les raids aériens sur le territoire se poursuivent depuis 15 semaines.
REUTERS - Le numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, a juré vendredi de rester au pouvoir et mis en garde l'Otan contre le risque d'une "catastrophe" en cas de poursuite des raids aériens contre son régime.
"Nous vous conseillons de battre en retraite sous peine de catastrophe", a déclaré le Guide libyen dans un message sonore adressé à 100.000 de ses partisans massés sur la Place verte de Tripoli.
"Je vous conseille de clouer vos avions au sol (...) et d'engager des discussions avec le peuple libyen", a ajouté le Guide en dénonçant le mandat d'arrêt lancé lundi contre lui ainsi que contre l'un de ses fils, Saïf al Islam, et contre son gendre par la Cour Pénale internationale (CPI). Les partisans de Kadhafi ont agité des drapeaux verts et des portraits du dirigeant libyen, qui a déclaré que l'importante participation à ce rassemblement était tout à fait spontanée et prouvait combien son peuple l'aimait.
Des personnes ont tiré en l'air en signe d'acquiescement et des feux d'artifice ont embrasé le ciel de la capitale à la fin de son discours.
Deux heures après, trois explosions ont ébranlé Tripoli et des colonnes de fumée noire se sont élevées du côté du complexe de Bab Al Azizia, où vivent Kadhafi et son entourage, dans le centre de la capitale.
La télévision officielle libyenne a rapporté vendredi en fin de journée que l'Otan avait bombardé des sites à Tadjoura, dans la banlieue Est de Tripoli.
Sur le front terrestre, les insurgés, qui s'étaient approchés à 80 km de Tripoli, ont dû battre en retraite vendredi sous les tirs de roquettes des forces de Kadhafi.
L'arrivée des rebelles il y a cinq jours aux abords de la localité de Bir al Ghanam laissait entrevoir la possibilité d'une percée dans un conflit de quatre mois qui est devenu la plus sanglante révolte du "printemps arabe". Mais les insurgés qui s'étaient regroupés sur une ligne de crête dominant Bir al Ghanam en vue d'une bataille se retirent à présent sous un déluge de roquettes Grad.
L'UA PROPOSE DES POURPARLERS DE PAIX
Ce renversement de situation met en lumière les ressorts des troupes de Kadhafi, qui ont résisté à 15 semaines de raids aériens et de tirs de missiles de l'Otan ainsi qu'aux tentatives des rebelles pour franchir leurs lignes sur trois fronts.
La télévision libyenne a rapporté que l'Otan avait bombardé la ville de Gariane, dans l'est du djebel Nefoussa. L'Otan dit avoir détruit vendredi un objectif militaire dans cette ville.
"On notera que cette cible se trouvait très en dehors des zones construites de la conurbation et qu'aucun dégât collatéral n'a été observé ensuite. A aucun moment une zone civile n'a été ciblée", a tenu à souligner un responsable de l'alliance.
Sur le plan diplomatique, les dirigeants de l'Union africaine ont proposé vendredi d'organiser des pourparlers de paix entre le gouvernement et les insurgés en vue d'une trêve et d'une transition "consensuelle" vers un pouvoir démocratique.
Cette offre, présentée aux représentants de Kadhafi et des insurgés libyens qui assistent au sommet annuel de l'UA, à Malabo, capitale de la Guinée-Equatoriale, passe sous silence tout rôle futur pour le numéro un libyen.
Mais selon un document consulté par Reuters à la fin du sommet, les pays membres de l'UA n'exécuteront pas le mandat d'arrêt lancé par la CPI contre Kadhafi, ce qui préserve la possibilité d'un départ en exil du numéro un libyen dans l'un des 53 Etats de l'Union africaine.
Les belligérants n'ont pas réagi pour le moment à cette proposition.
Selon le journal Asharq al Awsat, basé à Londres, des représentants de Kadhafi ont rencontré des responsables français et britanniques sur l'île tunisienne de Djerba.
Citant des sources dans l'entourage de Kadhafi et dans les milieux d'opposition, le journal rapporte que le dirigeant libyen serait prêt à démissionner s'il ne faisait l'objet d'aucune poursuite et pouvait vivre dans sa ville natale de Syrte avec des garanties de sécurité.
Ces informations n'ont été confirmées ni par la France, ni par la Grande-Bretagne. Les rebelles ont exclu des discussions avec Kadhafi après les mandats d'arrêt lancés par la CPI.
La fille de Kadhafi, Aïcha, qui est avocate, a déclaré lors d'une interview télévisée jeudi soir que le gouvernement de Tripoli serait prêt à conclure un accord avec les rebelles si
c'était la condition d'un arrêt des effusions de sang.