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La droite compte sur Netanyahou pour revenir au pouvoir

Premier ministre de 1996 à 1999, le leader du Likoud pourrait permettre à la droite israélienne de revenir aux affaires. À moins que son discours, de plus en plus modéré, ne finisse par lui jouer des tours.

AFP - Faucon, mais s'affichant pragmatique, ultra-libéral convaincu malgré la crise, Benjamin Netanyahu incarne l'espoir de la droite israélienne de revenir au pouvoir lors des législatives de mardi.

"L'illusionniste", comme l'appelaient ses détracteurs au début de sa carrière, Netanyahu, âgé de 59 ans, est en passe, d'après les sondages, de réussir son opération de séduction auprès de l'électorat.

Au fur et à mesure qu'approche la date du scrutin, s'estompe le souvenir de la cuisante défaite de son parti, le Likoud, aux dernières législatives de mars 2006 face au Kadima centriste d'Ehud Olmert.

Les sondages créditent le Likoud de 24 à 28 mandats, contre les 12 dont il dispose actuellement, véritable remise à flot d'un parti jusque-là en déconfiture.

Pourtant, si le cheveu a blanchi et les traits se sont légèrement alourdis, rien chez "Bibi" n'a changé sur le fond, si ce n'est son discours qui se veut plus modéré.

Dix ans après avoir perdu son poste de Premier ministre (1996-99), il rejette encore un retrait de la Cisjordanie, une partition de Jérusalem et un Etat palestinien jouissant des attributs de la souveraineté.

Mais le thème cher à la droite du "Grand Israël" et de la colonisation en Cisjordanie, source potentielle de tensions avec la nouvelle administration de Barack Obama, est relativement mis en sourdine.

"Je ne me considère pas lié par des engagements d'Ehud Olmert de retrait (de la Cisjordanie) et je n'évacuerai pas (unilatéralement) des implantations", a-t-il averti après la publication d'informations sur un plan du Premier ministre sortant d'évacuer 60.000 colons.

Des propos qui n'empêchent pas une certaine fuite de son électorat au profit de l'extrême droite d'Avigdor Lieberman, ouvertement anti-Arabe.

Du coup, la guerre à Gaza contre le Hamas et la reprise des tirs de roquettes palestiniennes est l'occasion d'exploiter le sentiment de "travail inachevé" qui grandit au sein de l'opinion.

"Bibi" critique à tout va la "politique aveugle" du Kadima, le parti de Tzipi Livni et Ehud Olmert, promettant de "faire tomber le pouvoir du Hamas à Gaza".

Apparemment peu ébranlé par la crise mondiale, il continue de prôner une politique économique ultra-libérale accompagnée d'une réduction massive des impôts.

Mais il doit batailler dur pour atténuer le souvenir, au sein des couches populaires, réservoir traditionnel du Likoud, des effets des coupes claires dans les budgets sociaux réalisées lorsqu'il était ministre des Finances (2003-2005).

"Bibi" a été le plus jeune des chefs de gouvernement en Israël et le premier né après la création du pays en 1948. D'où sa réputation d'"enfant terrible" de la droite nationaliste aux positions irrédentistes.

Farouche opposant aux accords israélo-palestiniens d'Oslo (1993), il a été contraint de céder aux pressions américaines en concluant deux accords avec Yasser Arafat, chef de l'OLP, lorsqu'il était Premier ministre.

Pur produit de l'élite ashkénaze qui a fondé Israël, il a passé sa jeunesse aux Etats-Unis, d'où son anglais parfait et son aisance avec les médias.

Ce débatteur habile a d'abord fait carrière dans la diplomatie, avant d'être élu au Parlement en 1988.

Son ascension a ensuite été météorique, puisqu'il est devenu peu après vice-ministre des Affaires étrangères, puis, en 1992, chef du Likoud et leader de l'opposition. Il se compare d'ailleurs au Président français Nicolas Sarkozy dont il espère avoir le destin.