
Au lendemain de son 3e discours depuis le début de la contestation de son régime, le président syrien a décrété une nouvelle amnistie générale portant sur tous les crimes commis avant le 20 juin. Une décision similaire avait déjà été prise le 31 mai.
AFP - Le président syrien Bachar al-Assad a décrété mardi une nouvelle amnistie, au lendemain d'une offre de dialogue et d'annonces de réformes jugées insuffisantes par l'opposition, alors que des dizaines de milliers de personnes lui ont manifesté leur soutien à Damas.
La place des Omeyyades, dans le centre de la capitale syrienne, était noire de monde mardi matin et les routes aux alentours bloquées, selon une journaliste de l'AFP.
Les manifestants, venus de Damas et des localités environnantes, portaient des drapeaux syriens et criaient des slogans pro-régime, comme "nous nous sacrifierons pour Bachar" ou "Dieu, Syrie, Bachar et c'est tout".
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Selon la télévision d'Etat, des manifestations pro-Assad avaient également lieu à Homs (centre), Alep (nord), Lattaquié (nord ouest), Deir Ezzor (est), Idleb (nord ouest) et Deraa (sud), où a débuté à la mi-mars le mouvement de contestation contre le régime du président syrien.
Toutes ces villes ont été touchées par des manifestations anti-régime.
L'agence de presse officielle Sana a affirmé que "des millions de Syriens se sont mobilisés (...) pour soutenir le plan de réformes globales" annoncé par Bachar al-Assad.
M. Assad a promis lundi des réformes comme le possible amendement d'une clause de la Constitution faisant du Baas le "parti dirigeant de l'Etat et de la société" en Syrie depuis 1963. Son annulation est l'une des principales revendications de l'opposition.
Mais ces promesses ont été jugées peu convaincantes par la communauté internationale et par les opposants. Ces derniers ont appelé à poursuivre la révolte jusqu'à la chute du régime.
Mardi, Bachar al-Assad a décrété une nouvelle amnistie générale portant sur tous les crimes commis avant le 20 juin, a annoncé Sana, sans donner plus de précisions.
Le 31 mai, il avait déjà décrété une amnistie générale incluant tous les détenus politiques y compris les membres des Frères musulmans.
Des centaines de détenus avaient alors été libérés, selon les organisations des droits de l'Homme, mais la répression meurtrière des protestataires s'est poursuivie.
"J'ai senti que l'amnistie décrétée (le 31 mai) n'a pas donné satisfaction, nous allons l'étendre pour qu'elle inclue d'autres (détenus), sans mettre en péril la sécurité de l'Etat", avait affirmé lundi M. Assad.
Dans ce discours, le troisième depuis le début du mouvement de contestation, il avait également appelé à un "dialogue national" qui pourrait aboutir à une nouvelle Constitution.
Je crois que le point de non-retour a été atteint [par le président Bachar al-Assad en Syrie, NDLR]. Il n'y a aucune raison de le prendre au sérieux aujourd'hui plus qu'hier.
Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, le 20 juin.
"On peut dire que le dialogue national est le slogan de la prochaine étape", avait-il déclaré.
Il avait néanmoins souligné que les réformes envisagées ne pouvaient être décidées dans la précipitation proposant d'attendre l'élection d'un nouveau Parlement en août.
Après le discours lundi, des manifestations hostiles au régime avaient éclaté dans différentes régions, notamment à Alep (nord) et à Homs, selon des militants.
Le pouvoir a envoyé ces derniers mois ses troupes et chars dans de nombreuses villes pour réprimer les contestataires, arguant que leur intervention avait été dictée par la présence de "terroristes armés qui sèment le chaos", sans vouloir reconnaître explicitement l'ampleur de la contestation.
La répression a fait plus de 1.300 morts parmi les civils et entraîné l'arrestation de plus de 10.000 personnes, selon des ONG syriennes.
Le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan "se sont mis d'accord (lundi) sur le fait que le gouvernement syrien devait mettre un terme aux violences maintenant et appliquer rapidement des réformes significatives", a affirmé la Maison Blanche.
La Turquie, pays frontalier de la Syrie, est confrontée à un afflux de réfugiés syriens. Leur nombre s'élevait lundi à 10.650, selon une source officielle.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a jugé de son côté que M. Assad avait atteint "un point de non-retour" et il n'y avait "aucune raison de le prendre aujourd'hui au sérieux".