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Roger Federer – Rafael Nadal, bien plus qu’une affiche

, envoyé spécial à Roland-Garros – Pour la quatrième fois dans l’histoire de Roland-Garros, Roger Federer et Rafael Nadal se rencontrent en finale ce dimanche. Cette fois-ci, le face à face aura pourtant une toute autre saveur. Explications.

Roger Federer – Rafael Nadal : la rencontre des deux meilleurs joueurs des années 2000 fascine autant qu'elle impressionne tant ces deux là remportent tout sur leur passage. Sur les sept dernières saisons, ils ont remporté à eux deux 21 tournois du Grand Chelem sur les vingt-trois possibles.

Pourtant, sur les trois finales disputées sur la terre battue Porte d’Auteuil (2006, 2007, 2008), jamais le Bâlois n’a réussi à l’emporter sur l’ogre de Manacor. Federer a profité de la défaite de sa bête noire en quarts de finale de l’édition 2009, pour remporter le dernier titre de Grand Chelem qui manquait à son palmarès. Car Nadal est bel et bien son "Kriptonite", le métal qui paralyse Superman dans les bandes-dessinées américaines de DC Comics.

Le Suisse s’est incliné devant lui à 16 reprises, dont six fois en tournoi de Grand Chelem en 24 rencontres. La plus retentissante de celles-ci est certainement leur dernière finale disputée à Roland-Garros en 2008 : 6-1, 6-3, 6-0. En 1h48, le match était pesé et emballé, et Federer n’avait que ses yeux pour pleurer.

"Je n'ai quand même pas disparu"

Depuis, Federer est devenu le seul joueur de l’histoire à avoir remporté 16 titres du Grand Chelem et est devenu le quatrième joueur à avoir soulevé les quatre grands trophées (Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon, US Open) au cours de sa carrière. Mais après une dernière victoire à Melbourne en 2010, la motivation du joueur avait baissé et les médias enterraient déjà, la main sur le cœur, le défunt Roger.

"Mais je n'ai quand même pas disparu depuis", rectifie l’intéressé après sa victoire d’anthologie, vendredi, face à Novak Djokovic. "J'ai quand même joué quelques bons matchs et fait quelques sacrifices aussi, je n'étais pas en train de bronzer sur la plage. Je suis ravi d'avoir fait ces efforts." Car le résultat est là. En éliminant un Djokovic sur une lancée qui semblait inarrêtable après 41 victoires de rang, Roger a montré qu’il n’était pas tout à fait mort et même bien vivant.

"Je veux gagner Roland-Garros"

Dimanche, face à Nadal, le Suisse compte bien exorciser ses défaites passées sur le court central. "Je suis heureux de n'avoir jamais abandonné sous prétexte qu'il m'avait battu ici, et je n'ai jamais arrêté d'y croire. C'est pour ça que j'ai gagné Roland-Garros en 2009, l'une de mes plus belles victoires. Et j'ai encore la possibilité de battre Rafa et de remporter ce trophée ici, à Paris. Je sais qu'il faudra que je joue un tennis extraordinaire, j'en suis bien conscient, mais j'ai déjà franchi une étape considérable. Et je vais bien me préparer pour la finale évidemment."

Chez Nadal, l’enjeu est différent. Numéro un mondial de 2007 à 2009 et depuis juin 2010, l'Espagnol doit gagner la finale s’il veut rester leader du classement et égaler le record de Björn Börg de six titres à Roland-Garros.

Mais lui n’y pense pas : "J'ai énormément de respect pour le grand Börg, mais je me concentre pour bien jouer, ce qui est pour moi beaucoup plus important. Je veux gagner Roland-Garros, c'est plus important que de faire aussi bien que lui. Alors maintenant, si Börg est là, je serais ravi de lui dire bonjour", tempérait, un brin insolent, l’Espagnol, qui ne veut certainement plus se mettre la même pression qu’en 2009, où il aurait pu devenir le premier joueur à remporter cinq titre d’affilée à Roland-Garros. Quant à son prochain adversaire, Nadal dit ne pas avoir vu l’intégralité de la demi-finale de Federer et assure qu’il n’a pas d’avantage psychologique sur lui, même s’il n'a jamais perdu face à lui à Roland-Garros. Entre un faux modeste et un faux vantard, les deux ne sont pas prêts de se quitter.