Le Conseil de sécurité de l'ONU exige du gouvernement de Khartoum qu'il retire ses troupes d'Abyei, au Sud-Soudan. L'armée nordiste s'est emparée de cette ville le 21 mai, provoquant le déplacement de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
AFP - Le Conseil de sécurité de l'ONU a exigé vendredi que le Soudan retire ses troupes d'Abyei et mette fin aux pillages et aux attaques dans cette région disputée entre le Nord et le Sud-Soudan.
Dans une déclaration, les 15 membres du Conseil de sécurité qualifient les opérations militaires du gouvernement de Khartoum à Abyei de "violation grave" de l'accord de paix conclu avec le Sud-Soudan en 2005, qui a mis fin à deux décennies de guerre civile.
"Le Conseil exige que le gouvernement soudanais se retire immédiatement de la région d'Abyei", selon cette déclaration. "Le Conseil appelle les forces armées soudanaises à mettre un terme immédiat à l'ensemble des pillages, incendies et déplacements forcés de population".
itLes troupes du gouvernement de Khartoum se sont emparées d'Abyei, à la frontière du Sud-Soudan, le 21 mai et on rasé une partie de la ville, provoquant une escalade des tensions avec le Sud-Soudan, qui doit déclarer formellement son indépendance le 9 juillet. Les Nations unies estiment qu'environ 60.000 personnes ont fui la région vers le Sud-Soudan.
Le président soudanais Omar el-Béchir a déjà rejeté des appels des Etats-Unis et de l'Union européenne à retirer ses troupes d'Abyei. La Russie, la Chine et trois pays africains ont rejoint les Occidentaux pour soutenir la déclaration du Conseil de sécurité.
Le Soudan a limogé l'administrateur civil d'Abyei, originaire du Sud, et l'a remplacé par un militaire.
Les incidents s'étaient multipliés au cours des derniers mois autour d'Abyei, mais les tirs des forces du Sud-Soudan sur un convoi de troupes originaires du nord et de soldats de l'ONU a mis le feu aux poudres le 19 mai.
Le Conseil de sécurité et les Etats-Unis ont critiqué le Sud pour cette attaque, mais la communauté internationale adresse désormais l'essentiel de ses reproches au gouvernement de Khartoum, qui a ordonné aux Casques bleus de l'Unmis de quitter le Nord à la fin de leur mission, le 8 juillet.
Des dépôts de vivres de l'ONU et d'autres installations à Abyei ont été pillés et mis à sac.
"Le Conseil de sécurité condamne avec force le fait que le gouvernement soudanais ait imposé et maintienne un contrôle militaire sur la région d'Abyei, ce qui a eu pour résultat le déplacement de dizaines de milliers d'habitants", ajoute la déclaration.
Tous les auteurs de violations du droit international "seront tenus responsables", avertit le texte.
La plupart des habitants qui ont fui Abyei sont des Sudistes de la tribu Dinka Ngok. Des nomades arabes Misseriya originaires du nord mais qui utilisent Abyei pour leurs pâturages ont reconnu avoir combattu aux côtés des troupes de Khartoum.
Dans sa déclaration, "le Conseil de sécurité exprime de graves inquiétudes au sujet des informations faisant état de l'arrivée soudaine et inhabituelle de milliers de Misseriya dans la ville d'Abyei et dans ses environs, qui pourraient imposer des changements importants dans la composition ethnique de la région".
Les membres de l'ONU appellent à un accord négocié entre le Nord et le Sud, et pressent les dirigeants des deux côtés de coopérer avec l'Union africaine, qui s'efforce de parvenir à un accord sur la sécurité d'Abyei, impliquant le retrait des forces du Nord et du Sud.
Le Conseil de sécurité estime enfin que les troupes de l'ONU devraient rester à Abyei après l'expiration de leur mandat en juillet, afin de patrouiller le long des frontières.
Il exprime aussi sa "profonde préoccupation" concernant les tensions dans les régions soudanaises du Nil Bleu et du Kordofan-Sud, elles aussi proches du Sud-Soudan, appelant "les deux parties à s'efforcer de faire baisser les tensions et à promouvoir le calme dans cette région sensible".