Les diverses composantes de l'opposition syrienne sont invitées à se retrouver pour trois jours à Antalya, en Turquie. Près de 400 participants sont attendus ce mercredi pour un congrès destiné à accompagner les réformateurs dans leur combat.
AFP - L'opposition syrienne se réunit en congrès pendant trois jours à partir de mercredi dans la station méditerranéenne turque d'Antalya (sud) pour soutenir la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad et réclamer "le changement" en Syrie.
"Le thème principal des réunions sera le changement. Comment faire pour que le régime d'al-Assad parte", a indiqué à l'AFP l'un des participants, Mohamad Dughmosh, le responsable pour les relations de l'opposition avec les médias.
Un diner devait être offert mardi pour les "300 à 400" participants attendus dans un hôtel cinq étoiles et le congrès s'ouvrira officiellemment mercredi matin, a-t-il souligné.
Ce congrès est ouvert à tous les courants de l'opposition, aux personnalités indépendantes et aux représentants de toutes les confessions, notamment des courants qui se sont exprimés dans le cadre de la "déclaration de Damas", un groupe de réformateurs réclamant des changements démocratiques lancé en 2005.
Depuis le déclenchement à la mi-mars des manifestations de contestation contre le régime, au moins 1.062 personnes ont été tuées par les forces de sécurité syriennes, selon l'opposition.
"C'est un début, nous sommes ici pour soutenir la révolution" syrienne, a déclaré à l'AFP Ammar Qourabi, président de l’Organisation nationale des droits de l’Homme, basé en Egypte.
Il a expliqué qu'un "mécanisme de suivi" serait mis en place après le congrès pour évaluer et venir en aide des besoins logistiques et juridiques notamment de l'opposition.
"Le dialogue se poursuivra avec toutes les factions de l'opposition" après ce congrès, a poursuivi ce militant.
En avril, le président syrien a levé l'état d'urgence en vigueur depuis des décennies, l'une des principales revendications des contestataires, mais il a aussi réglementé le droit de manifester, continuant ainsi d'essayer de faire taire la contestation par la force.
Un communiqué final doit en principe être publié vendredi pour clôre les travaux.
Les opposants réclament la libération des détenus politiques, de nouvelles élections, l'annulation de la suprématie du parti Baas, et aussi la chute du régime, dominé par la minorité alaouite, une branche de l'islam chiite.
Une première réunion de dissidents syriens, plus restreinte, avait été tenue fin avril à Istanbul et les participants avaient alors lancé un appel urgent pour la tenue d'élections et l'arrêt de la répression en Syrie.
Selon les militants réunis à Antalya, la Turquie a un rôle important à jouer pour forcer le régime syrien à aller de l'avant dans les réformes réclamées par eux et par la communauté internationale.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui a de bonnes relations avec le président syrien, s'est entretenu plusieurs fois avec lui au téléphone depuis le début de la contestation et a envoyé des émissaires à Damas.
Mais, exaspéré par la poursuite de la répression, M. Erdogan a haussé le ton à l'égard du régime syrien sans pour l'instant réclamer son départ, selon la presse.
Après avoir frôlé une guerre il y a treize ans, Ankara et Damas se sont rapprochées cette dernière décennie, signant des accords politiques et commerciaux et supprimant les visas.
La Turquie dirigée par un gouvernement islamo-conservateur redoute surtout un éclatement politique de la Syrie voisine qui ferait tâche d'huile sur la Turquie, en entraînant l'afflux sur son sol de réfugiés syriens.
"La Turquie a utilisé la Syrie comme porte d'entrée pour sa réintégration dans la politique du monde arabe et si la Syrie ne fonctionne pas cela veut dire que la politique arabe d'Ankara sera redéfinie", analyse Semih Idiz, éditorialiste au journal turc Milliyet.