![Pas de consensus politique sur l'austérité, l'aide financière menacée Pas de consensus politique sur l'austérité, l'aide financière menacée](/data/posts/2022/07/16/1657965382_Pas-de-consensus-politique-sur-l-austerite-l-aide-financiere-menacee.jpg)
La réunion d'urgence des partis politiques grecs est un échec : le consensus sur le plan d'austérité voulu par Bruxelles est bloqué. Pourtant, il conditionne l'aide financière que doit recevoir Athènes pour éviter la faillite de l'État grec.
REUTERS - Pressé par l'Union européenne et le FMI de prendre de nouvelles mesures d'austérité, le Premier ministre grec n'est pas parvenu vendredi à arracher le soutien de son opposition, un échec qui fait peser une menace sur l'aide financière internationale à Athènes.
Les autorités européennes ont fait du consensus politique sur les réformes économiques et budgétaires un préalable au versement des aides financières dont la Grèce continue de dépendre, faute d'avoir reconquis la confiance des marchés.
it![Pas de consensus politique sur l'austérité, l'aide financière menacée Pas de consensus politique sur l'austérité, l'aide financière menacée](/data/posts/2022/07/16/1657965382_Pas-de-consensus-politique-sur-l-austerite-l-aide-financiere-menacee_1.jpg)
"Un consensus a été bloqué", a déclaré à Reuters, sous le sceau de l'anonymat, un responsable de parti après la réunion d'urgence des partis politiques organisée par le chef du gouvernement, le socialiste George Papandréou.
Le chef de file de la formation d'extrême droite Laos, Georges Karatzaféris, a dit de son côté que "malheureusement, certains mettent leurs intérêts devant ceux de la Grèce".
La Nouvelle Démocratie, principal parti d'opposition, a refusé les augmentations de la pression fiscale proposées par le gouvernement pour réduire le déficit budgétaire. Son dirigeant Antonis Samaras, a dit vouloir renégocier l'accord international sur la dette, qu'il accuse d'empêcher la reprise économique.
L'annonce de l'échec des discussions a fait reculer la Bourse d'Athènes, qui perdait 1,71% en clôture <.ATG>.
Jeudi, les marchés financiers avaient déjà mal réagi aux propos de Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, laissant entendre que le Fonds monétaire international (FMI) pourrait bloquer le mois prochain sa contribution à une nouvelle tranche d'aide à la Grèce faute d'un nouveau plan d'assainissement budgétaire.
Fardeau
Le différentiel de rendements entre obligations d'Etat grecques et allemandes restait néanmoins inférieur à 14% vendredi, signe que les investisseurs sont dans l'attentisme.
"Ce n'est pas gagné mais on peut imaginer un scénario dans lequel les choses se mettraient en place", a déclaré Jacques Cailloux, économiste de RBS à Londres.
George Papandréou dispose d'une confortable majorité au parlement mais l'UE souhaite qu'il s'assure un soutien plus large à de nouvelles mesures de désendettement avant de financer les 27 milliards d'euros qui manqueront pour boucler le budget grec l'an prochain.
Sans garanties européennes, le FMI risque fort de bloquer dès le mois prochain le paiement de 3,3 milliards d'euros prévu.
Et sans ces fonds, a prévenu le ministre grec des Finances, le pays serait incapable d'honorer ses obligations financières, se retrouvant donc en situation de défaut.
Le sujet a été évoqué lors du sommet du G8 à Deauville (Calvados) et le président français, Nicolas Sarkozy, s'est employé à rassurer ceux qui redoutent le spectre d'une "restructuration" de la dette grecque, un vocable impliquant que les créanciers renoncent à une partie des fonds prêtés.
"Si la restructuration, ça veut dire qu'un pays européen ne doit pas rembourser ses dettes, alors c'est un mot qui ne fera pas partie du vocabulaire de la France", a dit Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse finale du sommet.
Tabou
"Si la question est: est-ce qu'on peut réfléchir à la façon dont des agents privés ou des partenaires privés puissent prendre une part du fardeau, on n'est pas du tout dans la restructuration", a-t-il cependant ajouté.
Lors du sommet, le président américain Barack Obama a assuré ses homologues du G8 de son soutien aux efforts visant à résoudre la crise de la dette.
Une mission conjointe de la Commission européenne, du FMI et de la Banque centrale européenne (BCE) est actuellement en Grèce pour juger des efforts entrepris et de la capacité du pays à tenir ses engagements et à assumer sa dette, qui avoisine 330 milliards d'euros, soit 150% de son PIB.
Mais, pour beaucoup d'économistes, un tel fardeau conduira inéluctablement Athènes à une restructuration, quelle que soit sa forme et le nom qu'on lui donne.
"'Restructuration' est le mot tabou, et au-delà du mot, c'est le scénario le plus susceptible de provoquer de la volatilité et du stress aujourd'hui", a expliqué Bruno Cavalier, économiste d'Oddo & Cie.
John Lipsky, le directeur général par intérim du FMI, a exclu vendredi sur CNBC "tout restructuration ou reprofilage de dette, ou quoi que ce soit d'autre".
Les Européens ont promis depuis le début de la crise qu'ils n'envisageraient avant 2013 aucune restructuration imposant des pertes aux créanciers privés.
L'idée, évoquée récemment, d'un "reprofilage" de la dette par lequel les prêteurs échangeraient volontairement leurs créances contre des titres de plus longue échéance semble avoir perdu en crédibilité.
Les trois grandes agences de notation considèrent en effet qu'il s'apparenterait à un défaut de facto, avec un risque de réaction en chaîne pour le système bancaire de la zone euro, voire pour d'autres Etats souverains.