Face à la levée de bouclier des députés UMP sur la décision de retirer la signalisation des radars fixes, Claude Guéant a fait marche arrière, contredisant François Fillon, ce qui a suscité la satisfaction des frondeurs de la majorité.
AFP - Les députés UMP se targuaient mardi d'avoir remporté leur bras de fer avec le gouvernement sur la sécurité routière en obtenant un moratoire sur le démontage des panneaux signalant les radars fixes et le remplacement, à terme, de chaque panneau par un "radar pédagogique".
"36 panneaux ont déjà été démontés" à travers la France, "il n'y en aura pas un de plus avant concertation locale" avec les élus, a déclaré Claude Guéant lors de la réunion hebdomadaire des députés UMP.
"Il y aura toujours un radar pédagogique avant un radar fixe, mais il y aura aussi des radars pédagogiques qui ne seront pas suivis de radars fixes", a ajouté le ministre de l'Intérieur, sous les applaudissements. Ces radars, non pénalisants, calculent la vitesse et l'affichent sur des panneaux lumineux.
M. Guéant s'est aussi engagé à ce qu'aucune modification législative dans ce domaine ne soit plus décidée avant de connaître, dans plusieurs mois, les conclusions de la mission d'information parlementaire sur les causes des accidents de la route, actée mardi.
Un peu plus tôt, François Fillon avait pourtant maintenu la ligne de fermeté: "le gouvernement ne reviendra pas sur la fin de la signalisation systématique des radars".
"Je suggère que Guéant et Fillon se rencontrent pour harmoniser leurs positions", a ironisé Jean-Pierre Grand (villepiniste). "Fillon a dû manger son chapeau", affirmait un proche de Jean-François Copé.
Il n'y a "aucune divergence" entre les deux hommes sur la suppression des panneaux, a tenu à déclarer à l'AFP l'entourage de M. Guéant. Une précision intervenue après un coup de fil du Premier ministre à Claude Guéant, selon Matignon.
"L'arbitrage est là, le Premier ministre a été clair" et la signalisation ne sera plus "systématique", a martelé Matignon... au risque de souligner l'impression de désaccord. D'autant que, dans l'hémicycle, M. Fillon s'est montré glacial avec M. Guéant.
Sur France 2, en soirée, le ministre de l'Intérieur a paru plus nuancé, déclarant que les radars pédagogiques seraient implantés "de façon aléatoire", parfois à "plusieurs kilomètres en amont" des radars fixes. Il a précisé que la suspension du démontage des panneaux durerait "quelques jours et quelques jours seulement".
Un proche de Nicolas Sarkozy a lui estimé que les députés UMP ne devraient pas "crier victoire trop tôt". Lors du petit déjeuner de la majorité à l'Elysée, le chef de l'Etat avait réaffirmé sa fermeté sur les objectifs poursuivis -faire reculer le nombre de morts sur les routes- tout en ajoutant: "Pour le reste, je laisse Claude voir avec les députés...".
Quoi qu'il en soit, pour les élus UMP, qui ont fortement chahuté le gouvernement et François Fillon ces derniers jours, la messe est dite.
"La fronde est terminée", a aussitôt lancé Christian Vanneste. "Les annonces de Claude Guéant nous donnent entière satisfaction", a salué Philippe Meunier. "Le bon sens l'a emporté", a renchéri Jean-Marc Roubaud, pour qui il serait "très grave" que l'accord soit remis en cause.
Ces élus font partie des quelque 80 députés à avoir écrit la veille à M. Fillon pour lui dire "la profonde exaspération" de "milliers" de Français.
Le patron des députés UMP Christian Jacob, à l'origine du compromis trouvé, a lui estimé qu'il ne fallait pas parler de "victoire" des uns ou de "défaite" des autres, tout en lâchant: "L'efficacité, c'est celle d'un groupe parlementaire qui s'est mobilisé, qui a fait des propositions qui ont été retenues par le gouvernement".
La Ligue contre la violence routière s'est inquiétée de cette "volte-face" qui "risque de rendre impossible l'objectif de Nicolas Sarkozy d'avoir moins de 3.000 morts sur les routes en 2012".