logo

Deux mois après Fukushima, l'UE reste divisée sur l'avenir du nucléaire

Réunis à Bruxelles pour discuter des tests de sécurité à réaliser dans les centrales nucléaires de l'UE, les responsables européens du nucléaire affichent leurs divergences après la catastrophe de la centrale japonaise de Fukushima.

AFP - Les responsables européens de la sûreté nucléaire ont commencé à discuter jeudi à Bruxelles avec le commissaire européen les critères qui serviront à passer au crible la sécurité des centrales nucléaires européennes.

Mais les Européens sont divisés sur le sujet et un accord dans l'immédiat est incertain, a-t-on appris de source communautaire.

L'Allemagne, qui envisage une sortie du nucléaire à l'horizon 2020, souhaite des critères assez stricts, tandis que la France ou la Grande-Bretagne voudraient limiter les tests de résistance aux seules catastrophes naturelles, comme celles qui ont provoqué l'accident de la centrale de Fukushima au Japon.

"Ces tests devront être complets et inclure un éventail le plus large possible de scénario, avec des facteurs naturels et humains", a déclaré, à la veille de la réunion le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

M. Barroso est resté volontairement vague et n'a pas explicitement mentionné les accidents d'avions et les actes terroristes dans son communiqué alors que son commissaire à l'Energie voudrait que ces risques soient inclus dans les tests de résistance. La France s'oppose à cette option.

Groupés au sein de l'Association des responsables d'autorités de sûreté nucléaire d’Europe de l’Ouest (Wenra), les 14 pays de l'UE qui ont choisi l'énergie nucléaire souhaitent limiter les critères des test de résistance aux seules catastrophes naturelles, comme celles qui ont provoqué l'accident de Fukushima au Japon, ainsi que leurs conséquences: perte d'alimentation électrique, difficultés de refroidissement des réacteurs, gestion générale d'une situation d'accident.

Le président de l'autorité de sûreté nucléaire en France, André-Claude Lacoste, juge qu'il n'est "pas possible de mener des études sérieuses sur le risque terroriste dans des délais aussi courts".

Ces réticences ont été dénoncées mardi par le commissaire européen à l'Energie, Günther Oettinger, devant le Parlement européen à Strasbourg.

"Un test de résistance allégé ne portera pas ma signature", a-t-il clamé. "Si on ne parvient pas à un accord entre la Commission et les régulateurs européens, alors nous rendrons peut-être le mandat (d'élaboration des critères) au Conseil", où siègent les 27 gouvernements européens. "Il y a un intérêt du côté de la population européenne" à ce que ces tests soient le plus exhaustifs possible.

Une base de compromis consisterait à ne pas mentionner explicitement les actes terroristes et d'utiliser la formule "actions imputables à l'homme", a-t-on indiqué de source communautaire.