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Le 1er-Mai, jour de la Fête du travail et synonyme de manifestations syndicales, a été boudé par les salariés. Qu'ils émanent des syndicats ou du ministère de l'Intérieur, les chiffres font tous état d'une mobilisation à la baisse.

AFP - Le 1er mai 2011, tombant cette année un dimanche, n'a pas fait recette : les salariés ont boudé la célébration en France de la journée internationale des travailleurs, survenant dans une période de reflux après les grandes mobilisations de l'automne sur les retraites.

La CGT a fait état de "plus de 120.000 manifestants" dans l'Hexagone, où elle organisait avec quatre autres syndicats (CFDT, FSU, Solidaires et Unsa) des défilés dans 173 villes.

C'est nettement moins que l'an dernier, lorsque l'annonce alors imminente de la réforme des retraites avait poussé 350.000 personnes dans les rues. Moins bien aussi qu'en 2009, dernier 1er mai historique, quand la récession avait conduit tous les syndicats à défiler ensemble, rassemblant selon eux 1,2 million de manifestants.

Pour le ministère de l'Intérieur aussi, le 1er mai 2011 est en recul : 77.000 personnes ont défilé en France, deux fois et demi moins que l'an dernier (195.000).

FO, qui organisait des cortèges séparés, a fait pâle figure, avec 3 à 400 manifestants seulement à Paris.

La participation au 1er mai retrouve ainsi son niveau, peu élevé, de la dernière décennie. "Il est très difficile de donner un sens commun à des mobilisations d'ampleur lorsqu'il n'y a pas d'élément fédérateur" comme les deux années précédentes, expliquait Marcel Grignard, numéro deux de la CFDT.

Le contrecoup des retraites

"On subit aussi le contrecoup de la défaite du mouvement syndical sur les questions des retraites", abondait un responsable toulousain de la FSU, Bernard Dedeban.

Pour François Chérèque (CFDT), "le syndicalisme ce n'est pas seulement manifester dans la rue, c'est aussi les accords interprofessionnels", comme ceux signés ces dernières semaines (assurance chômage, retraites complémentaires, emploi des jeunes).

La dirigeante CGT Nadine Prigent a averti que malgré tout, "les attentes sociales sont très importantes, car le malaise est profond et le gouvernement devra en tenir compte".

Comme la CGT, qui veut un geste "très significatif" sur ce plan, le patron de la CFDT a réclamé "un coup de pouce au Smic".

Comme si les mauvais chiffres ne suffisaient pas, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, immobilisé par un soudain lumbago, n'était pas dans le cortège parisien. Il a toutefois pu honorer l'invitation du "Grand jury RTL/Le Figaro" pour une émission d'une heure.

Dans la capitale, une grande banderole "pour la solidarité internationale et le progrès social" précédait le carré de tête.

Originalité 2011, plusieurs centaines d'immigrés du Maghreb et du Proche-Orient, notamment des Tunisiens récemment arrivés en France, ont fait entendre leur voix.

Un groupe de plus de 200 jeunes Tunisiens, scandant bruyamment "Défendons la révolution tunisienne", avait pris place à l'improviste juste derrière la tête du cortège.

Les régimes arabes autoritaires ou dictatoriaux ont été la cible de slogans lancés par des ressortissants syriens, libyens ou marocains. "Bachar, casse-toi!", proclamait une banderole visant le président syrien Bachar al-Assad.

Dans les régions, c'est Marseille qui a fait le moins mal, avec 5.OOO manifestants, selon les organisateurs (2.000 selon la police). Dans les autres grandes villes, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Nice, Strasbourg, Lille, etc., on n'a pas franchi le cap des 3.500, selon les syndicats. Parfois à peine plus d'un millier selon la police.

Quelques slogans anti-FN ont émaillé des défilés, comme "travailleurs français, immigrés, mêmes patrons, mêmes combats".