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Laurent Blanc s'excuse pour ses propos sur les quotas discriminatoires

Le sélectionneur de l'équipe de France de football, Laurent Blanc, dont des propos favorables à des quotas discriminatoires ont été rapportés samedi par le site Internet Mediapart, s'est excusé d'avoir pu "heurter certaines sensibilités".

AFP - La Fédération française de football (FFF) est en pleine tourmente après la publication samedi par le site internet Mediapart des propos tenus fin 2010 lors d'une réunion de ses cadres techniques: le DTN François Blaquart a été suspendu alors que le sélectionneur national Laurent Blanc s'est excusé.

Cette réunion, consacrée à l'éventuelle mise en place de quotas concernant les binationaux dans les filières de formation fédérales, s'était tenue le 8 novembre 2010 en présence des plus hauts cadres techniques de la FFF, dont le sélectionneur Laurent Blanc.

Les propos tenus lors de cette réunion ont suscité une réprobation des associations anti-racistes et du monde du football.

DTN suspendu

Un communiqué conjoint du ministère des Sports et de la FFF a annoncé la suspension de François Blaquart de ses fonctions de DTN, "dans l'attente des conclusions des enquêtes menées par la FFF (dirigée par Patrick Braouezec, président de la Fondation du football) et par l'IGJS (Inspection générale de la jeunesse et des sports)".

"Sur le fond, cette décision est injuste, a réagi M. Blaquart auprès de l'AFP. Tous les mots rapportés restent vrais. Certains mots peuvent choquer, il y a eu des maladresses, mais c'était dans une discussion interne et passionnée. A partir de là, il n'y a rien de nocif".

"Les propos qui ont été publiés ce (samedi) matin sont graves", a justifié Mme Jouanno sur la radio RTL.

Qu'avait dit François Blaquart ?

"On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit. Ça reste vraiment que de l'action propre. Bon voilà, on fait attention. On a les listes, à un moment donné", avait-il lâché.

Le DTN a expliqué à l'AFP qu'il s'agissait de régler le problème de "l'évasion de joueurs", formés en France et qui optent pour une sélection étrangère, et des "problèmes dans la gestion de l'effectif". "On a 45% de joueurs dans les sélections qui ont la possibilité de nous quitter, on pense que c'est beaucoup", a-t-il avancé.

Samedi, il a fait marche arrière sur le quota. "On s'est aperçu que ce n'était pas une bonne solution, a-t-il dit. (...) Nous avons abandonné cette idée de pourcentage, mais nous avons demandé d'être vigilants sur la motivation des joueurs".

Qu'a dit Laurent Blanc sur le quota ?

C'est le sélectionneur des Espoirs, Erick Mombaerts, qui lance le débat: "Est-ce qu'on s'attelle au problème et on limite l'entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité?"

Réponse du sélectionneur national: "Moi j'y suis tout à fait favorable. Sincèrement, ça me dérange beaucoup. Ce qui se passe dans le football actuellement, ça me dérange beaucoup. A mon avis, il faut essayer de l'éradiquer".

Vendredi, il avait pris ses distances en affirmant: "On ne peut pas faire des quotas dans le football".

Blanc et les "Blacks"

Prolongeant la discussion sur les quotas, Blanc propose un changement dans les critères de sélection, qui privilégient trop selon lui le physique au détriment des petits gabarits. "On a l'impression qu'on forme vraiment le même prototype de joueurs: grands, costauds, puissants. (...) Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants? Les Blacks. Et c'est comme ça. C'est un fait actuel". (...) Tu vas aller au centre de formation de Bordeaux, tu vas prendre les joueurs, mais des petits bons joueurs, tu n'en auras pas. Donc il faut inciter". Et Blanc de prendre l'exemple espagnol: "Les Espagnols, ils m'ont dit: +Nous, on n'a pas de problème. Nous, des Blacks, on n'en a pas".

Le sélectionneur a "admis" samedi que certains de ses propos "puissent prêter à équivoque" et déclare que s'il a "heurté certaines sensibilités", il s'en "excuse".