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Hong Kong se convertit au salaire minimum sans ferveur

La cité-État était l’un des derniers territoires asiatiques à ne pas avoir de salaire minimum. Ce dernier doit entrer en vigueur le 1er mai. Une avancée sociale qui est loin de faire l’unanimité, y compris chez les salariés.

Hong Kong, un paradis pour amoureux éperdu d’un marché sans entrave ? A partir du 1er mai, cette image risque de prendre du plomb dans son aile libérale. Pour la fête du travail, les autorités hong-kongaises vont instaurer un salaire minimum. Une révolution pour cette cité-État habituée à n’avoir aucune réglementation du marché du travail. A tel point qu’outre les patrons, une partie des salariés et certains syndicats y sont opposés.

Ce "smic" à la sauce Hong Kong prévoit un salaire horaire minimum de 28 dollars hongkongais (2,43 euros). Son principe avait été voté en juillet 2010 et le gouvernement a fixé son montant en janvier dernier. Les autorités ont décidé de franchir ce cap à la lumière des inégalités salariales grandissantes. Hong Kong a en effet été pointée du doigt par le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) qui l’a classé, en 2010, à la dernière place des pays dits développés en matière d’égalité salariale.

Et puis, Hong Kong était également plutôt isolé sur la scène internationale. "90% des pays ont une sorte de salaire minimum", précise à FRANCE 24 John Richotte, spécialiste de la zone Asie pour l’Organisation internationale du travail (OIT). Même en Asie, la cité-État faisait figure d’exception. Seul la Malaisie et Singapour n’ont pas encore de salaire minimum. "La Malaisie s’est engagée à en instaurer un avant la fin de l’année", ajoute John Richotte. Singapour, après avoir hésité l’an dernier, résiste encore et toujours.

Un lobbying patronal prêt à en découdre

Une victoire sociale serait donc en marche ? L’avis des Hong-kongais est beaucoup plus mitigé sur la question. "Les employés les moins bien payés craignent d’être licenciés, et non augmentés", rapporte le quotidien hong-kongais The Standard. D’autres redoutent de perdre certains avantages, comme des congés payés. Les syndicats s’attendent à des "manifestations historiques" à Hong Kong le 1er mai pour mettre la pression sur les employeurs.

Le bras de fer s’annonce en effet sévère. La principale chaîne de fast-food du pays, Cafe de Coral, a annoncé que le salaire minimum l’obligerait à revoir ses profits à la baisse… et probablement à couper dans la masse salariale. Le lobbying patronal, en tout cas, est au point. "Alors que nous venons de renouer avec un taux de chômage d’avant la crise, l’instauration d’un salaire minimum tombe mal", estime un pdg hong-kongais sur le site EconomyWatch. Mais la menace du chômage n’est pas leur seule arme. Ils prédisent également une augmentation inéluctable des prix. L’inflation à Hong Kong est déjà supérieure à 3% et le salaire minimum devrait encore davantage faire augmenter les prix. Ce qui reviendrait, d’après les employeurs, à réduire à néant l’avantage d'uen revalorisation salariale pour les travailleurs. "En fait ce n’est pas le salaire minimum qui entraîne l’inflation, mais plutôt l’inflation qui entraîne une augmentation du salaire minimum", assure John Richotte. Une perspective qui ne doit pas plaire aux employeurs hong-kongais.

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