L'opposition syrienne ne désarme pas, malgré la promulgation d'un décret, ce jeudi, mettant officiellement fin à l'état d'urgence. Un groupe a lancé sur Facebook un appel à manifester dans le cadre d'une journée baptisée "Vendredi saint".
Le président syrien Bachar al-Assad a promulgué jeudi un décret stipulant la levée de l'état d'urgence, une des principales revendications des contestataires, a indiqué la télévision publique syrienne. Il a en outre promulgué un deuxième décret abolissant la Cour de sûreté de l'État et un troisième réglementant le droit de manifester dans le pays, théâtre depuis le 15 mars de manifestations sans précédent contre le régime.
Le président Al-Assad avait promis samedi que la loi d'urgence serait abolie dans "une semaine maximum". Cette loi réduit les libertés publiques, impose des restrictions à la liberté de réunion et de déplacement, et permet l'arrestation de "suspects ou de personnes menaçant la sécurité".
Fin d’une juridiction d’exception
M. Al-Assad a également promulgué un décret "stipulant l'abolition de la Cour de sûreté de l'État", selon la télévision. La Cour de sûreté de l'État est une cour d'exception créée en vertu d'une loi de 1968 pour remplacer la Cour militaire d'exception avec les mêmes prérogatives. Ses jugements sont sans appel. "Tous les procès (intentés actuellement) dans le cadre de ce tribunal seront examinés par les tribunaux" compétents, indique le décret.
Un troisième décret prévoit "la réglementation des manifestations pacifiques, qui sont un droit essentiel garanti par la constitution", a indiqué la télévision. "Il faut concilier la sécurité du citoyen et l'usage du droit à manifester, et il faut permettre aux autorités de protéger les biens publics et privés", indique le décret. Le président Al-Assad avait indiqué que cette série de réformes visait à "élargir les libertés". Il avait en outre assuré qu'une nouvelle loi sur la presse était "presque prête".
itLa levée de l'état d'urgence n'altère pas la détermination des manifestants
La fin de l'état d'urgence, en vigueur depuis l'arrivée au pouvoir du parti Baas en mars 1963, est l'une des principales revendications des contestataires, avec la libération des prisonniers politiques. Mais les opposants ont estimé que ces mesures n'allaient pas arrêter la répression. Après la levée de l'état d'urgence, "les détenus politiques et de conscience doivent être libérés, les opposants en exil autorisés à rentrer, les arrestations doivent être bannies et les manifestations autorisées, mais (les autorités) ne vont pas appliquer la loi", ont assuré des opposants sur Facebook, avant la promulgation des décrets.
Joint par FRANCE 24 quelques minutes après l'abrogation de la loi d'urgence, un juriste et opposant syrien allait dans le même sens : "il n'y a pas que la loi d'urgence (...) Al-Assad devrait convoquer une constituante pour réellement démocratiser la vie politique syrienne, proclamer l’amnistie des prisonniers politiques, abolir l'article 8 de la Constitution, qui donne la primauté au parti Baas".
Un groupe a lancé via Facebook un appel à manifester pour une journée baptisée "Vendredi saint", coïncidant avec le jour commémorant la Passion du Christ, qui s'annonce comme une journée test de la détermination de l'opposition. "Vendredi saint, 22 avril 2011, un seul cœur, une seule main, un seul objectif", ont indiqué les organisateurs sur une page où l'on voit un clocher d'église entre deux minarets.