
Trente-deux personnalités du monde de la culture ont signé un texte de soutien à Olivier Py, ex-directeur du théâtre de l’Odéon à Paris. Ce dernier avait été soudainement remercié par le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, le 8 avril.
AFP - Des personnalités du théâtre, du cinéma et des lettres signent dans le monde de mercredi un texte intitulé "le théâtre de la démocratie victime de procédés fort peu démocratiques", en soutien à Olivier Py, directeur de l'Odéon-Théâtre de l'Europe, remercié contre toute attente.
Ce texte, soutenu par 32 signataires dont Daniel Auteuil, Jeanne Balibar Dominique Besnehard, Pierre Boulez, Philippe Caubère, Patrice Chéreau, Laurent Gaudé, Raphaël Enthoven, Isabelle Huppert, rend hommage au travail du metteur en scène, nommé à la tête du célèbre théâtre parisien en 2007.
"Olivier Py a profondément changé cette institution mondialement reconnue pour en faire un lieu, non seulement de théâtre mais du théâtre dans la ville et dans la vie", dit ce texte, qui insiste sur le caractère profondément "européen" de la démarche d'Olivier Py.
Il salue aussi sa volonté d'abolir "les frontières" dans tous les domaines ou ouvrant le théâtre à des artistes venus de toute l'Europe, mais aussi aux "nouvelles générations" et aux "nouvelles compagnies", à tous les publics et notamment les jeunes par le biais de nombreux partenariats.
"Cette ouverture, c'est celle au fond d'un théâtre dans la vie: d'un théâtre qui est aussi, et peut-être surtout, lieu de littérature, de pensée et de recherche", poursuit le texte, rappelant qu'Olivier Py a aussi ouvert les portes du théâtre à des penseurs comme George Steiner, Peter Sloterdijk et Giorgio Agamben, ou encore à "des colloques célébrant Genet ou la tragédie grecque".
Pour les signataires, "la décision (le non-renouvellement du metteur-en-scène dans ses fonctions) qui semble avoir été prise loin de tout débat, de tout espace public, est à l'opposé de la vision du théâtre que défend, à ce jour, l'Odéon. Elle se fait dans une méconnaissance du temps nécessaire à tout développement d'un projet d'envergure et par là même l'anéantit".
"Remplacer une direction qui oeuvre avec passion pour une démocratie du théâtre dans ces conditions particulières, apparaît de fait bien peu démocratique. De tels procédés doivent-ils être acceptés?", conclut le texte.
Il est précédé d'une tribune signée de Bernard Faivre d'Arcier, ancien directeur du théâtre et des spectacles, intitulée: "nominations culturelles: l'arbitraire règne", dans lequel il ne remet pas en cause "la pertinence du choix de Luc Bondy" pour succèder à Olivier Py, mais "la méthode".
Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a annoncé vendredi qu'il proposerait au président de la République la nomination du metteur en scène suisse Luc Bondy, 62 ans, directeur du Festival de Vienne à la renommée internationale, en remplacement d'Olivier Py, 45 ans, qui achèvera son premier mandat de cinq ans à la tête de l'Odéon en mars 2012.