Nos reporters se sont rendus au cœur de la vieille ville de Misrata, où les rebelles sont engagés dans une bataille pour tenir la seule ville qui résiste aux forces loyales au colonel Kadhafi dans l’ouest du pays.
C’est sans doute là que se joue la crise libyenne. Misrata, située à 200 km à l'est de Tripoli, est la seule ville contrôlée par la rébellion dans l'ouest de la Libye. Dans cette oasis du golfe de Syrte, les insurgés, assiégés depuis près de cinq semaines, subissent le bombardement incessant de l’armée gouvernementale du colonel Mouammar Kadhafi.
Partis de Benghazi, les envoyés spéciaux de FRANCE 24, Alexandra Renard et Mathieu Mabin, ont rallié par bateau la ville de Misrata, mardi. Nos reporters, qui forment la seule équipe de télévision présente sur place, ont aussitôt rejoint les combattants rebelles postés sur la ligne de front stratégique de la "rue de Tripoli", dans la vieille ville.
"Nous essayons d’empêcher les soldats de Kadhafi de passer", explique un rebelle à leur micro, en désignant le champ de ruines qui les sépare des lignes ennemies. Dans la zone des combats, des cadavres gisent au sol entre les habitations détruites et les carcasses de véhicules.
"Ils sont venus hier pour tenter d'enlever les barricades de la rue. Mais nous avons détruit leurs tanks au lance-roquettes, et fait plusieurs morts dans leurs rangs", témoigne un autre insurgé.
Finalement, l’offensive a été repoussée et les rebelles tiennent toujours. Mais ils savent qu’il faudra livrer une longue bataille avant que l’armée gouvernementale ne renonce définitivement à vouloir reprendre la ville.
Le "groupe de contact" réuni à Doha pour éviter l’enlisement
D’autant plus qu’un dénouement diplomatique ne semble pas d’actualité depuis l’échec de la médiation de l’Union africaine. Dimanche, la délégation emmenée par le président sud-africain Jacob Zuma avait réussi à faire accepter à Tripoli son plan de sortie de crise par le camp du colonel Kadhafi. Mais le lendemain à Benghazi, les représentants des rebelles y ont opposé une fin de non-recevoir au motif que la feuille de route ne prévoyait pas le départ du dirigeant libyen.
Les rebelles peuvent aussi s’inquiéter de l’efficacité du soutien de la coalition internationale qui, sur le plan militaire, peine à porter ses fruits. Mardi, Paris et Londres, qui furent à l'avant-garde de l'intervention militaire dans le ciel libyen, ont critiqué l’Otan par la voix de leurs ministres des Affaires étrangères, l’appelant à "intensifier" son action.
Pour tenter d’éviter l’enlisement, les ministres des Affaires étrangères du "groupe de contact", qui réunit les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et tous les pays participant aux opérations, seront rassemblés ce mercredi à Doha, au Qatar.