Après le "non" islandais au référendum de samedi, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas comptent sur les tribunaux pour récupérer les 3,5 milliards d’euros qu’ils réclament dans le cadre de la faillite en 2008 de la banque en ligne islandaise Icesave.
"Le temps de la négociation est terminé". Pour le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, la pilule est amère. Samedi, les Islandais ont pour la deuxième fois rejeté par voie référendaire le remboursement des 3,5 milliards d'euros (3,9 selon les dépêches d’hier) que les clients britanniques et néerlandais d’Icesave ont perdus lors de la faillite de cette dernière en 2008. Dès le lendemain du scrutin, la chef du gouvernement islandais, Johanna Sigurdardottir, a regretté que les électeurs aient choisi une option ouvrant la porte à une "période d’instabilité économique et politique".
Selon les tenants du "non", ce deuxième compromis revenait à faire payer 12 000 euros à chaque Islandais. Pour le gouvernement, cet accord était bien plus favorable que le premier puisqu’il ne prévoyait que 3 % d’intérêt contre 5 % auparavant. Les Islandais avaient déjà rejeté par référendum en mars 2010 le premier accord, refusant de payer pour "des banques irresponsables".
"Long et coûteux"
Un double camouflet qui devrait pousser les autorités britanniques et néerlandaises à saisir les tribunaux européens. "L’Islande ne nous laisse pas d’autres choix", a ainsi souligné Danny Alexander, secrétaire d’État britannique aux Finances.
Même Reykjavik a reconnu que l’option judiciaire était dorénavant inévitable. Le gouvernement islandais a indiqué que l’Association européenne de libre échange (AELE), qui gère les échanges commerciaux entre l’Islande et les autres pays européens, allait être saisie. L’institution s’était déjà penchée sur le dossier en mai 2010, invoquant "une infraction aux règles encadrant les dépôts de garantie".
"La procédure était suspendue dans l’attente du résultat des négociations entre le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Bretagne et l’Islande ", explique à FRANCE 24 un porte-parole de l’AELE. Toujours est-il que la voie judiciaire risque d’être "longue et coûteuse" pour l’Islande, s’est lamentée Johanna Sigurdardottir. Rien que la constitution des dossiers devraient en effet prendre un an.
En attendant la bataille judiciaire, l’Islande s’emploie à rassurer ses partenaires européens. Dimanche, le gouvernement a affirmé que la vente des avoirs de la Landsbanki - la banque qui gérait les comptes étrangers d’Icesave - devrait couvrir environ 90 % de ses dettes. Une contribution qui ne devrait pas satisfaire pleinement le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Les deux pays ont déjà fait savoir qu’ils bloqueraient l’entrée de l’Islande dans l’Union européenne (UE) tant que ce différend n’aurait trouvé d’issue.