Au moins 41 personnes ont péri dans le double attentat-suicide perpétré par deux kamikazes à l'entrée d'un mausolée soufi, dans le centre du Pakistan, région en proie à une vague d'attaques terroristes particulièrement meurtrières.
AFP - Deux kamikazes ont tué dimanche au moins 41 personnes en faisant exploser leurs bombes à l'entrée d'un mausolée soufi dans le centre du Pakistan, pays en proie à une vague extrêmement meurtrière d'attentats des talibans alliés à Al-Qaïda, a annoncé la police.
L'attaque visait les pèlerins qui venaient se recueillir devant la tombe d'Ahmed Sultan, un saint soufi du 13e siècle, plus connu sous le nom de Sakhi Sarwar, à Dera Ghazi Khan, un district où les talibans et d'autres groupes qui leurs sont alliés sont relativement actifs.
"Deux kamikazes à pied ont fait exploser les bombes qu'ils portaient quand la police a tenté de les empêcher d'entrer", a expliqué à l'AFP Zahid Hussain Shah, un officier de police contacté par téléphone sur les lieux du drame.
"Pour l'heure, nous avons compté 41 morts", a-t-il précisé, ajoutant que plus de 70 personnes ont été blessées. Les victimes sont essentiellement des pèlerins et des personnes venant, comme chaque dimanche dans de nombreux sanctuaires de saints de l'islam au Pakistan, passer une journée en famille.
Il s'agissait du cinquième attentat suicide en cinq jours au Pakistan.
"Guerre sainte" contre Islamabad et Washington
Près de 4.200 personnes ont été tuées en trois ans et demi dans tout le Pakistan par une vague de plus de 450 attentats --suicide pour la plupart-- perpétrés pour l'essentiel par les talibans alliés à Al-Qaïda.
A l'été 2007, ils ont déclaré --à l'unisson d'Oussama Ben Laden en personne-- le jihad, la "guerre sainte" à Islamabad pour son soutien depuis fin 2001 à la "guerre contre le terrorisme" de Washington.
Leurs cibles privilégiées sont les institutions et les forces de sécurité mais ces insurgés sunnites multiplient, ces derniers temps, les attentats visant les civils, en particulier les minorités, notamment les chiites (20% de la population), et les symboles du soufisme, deux écoles de pensée de l'islam qu'ils considèrent comme impies et hérétiques.
De nombreux attentats qui ont visé les chiites et les soufis (une doctrine mystique dont sont adeptes aussi bien des sunnites que des chiites) l'ont été ces derniers mois par les talibans ou des groupes alliés.
Dimanche, les deux kamikazes n'ont pas réussi à pénétrer dans le mausolée, là où la foule est d'ordinaire très compacte tous les dimanches, empêchés par les policiers qui gardent désormais tous les lieux saints soufis dans le pays, a confirmé Ahmed Mubarak, le chef de la police de la région.
Un haut responsable local des forces de sécurité a affirmé à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que les responsables du sanctuaire avaient reçu des menaces de militants fondamentalistes.
Dera Ghazi Khan, dans la province du Pendjab, est située non loin de certaines zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan, bastion des talibans pakistanais, principal sanctuaire d'Al-Qaïda dans le monde et base arrière des talibans afghans.
Les talibans pakistanais et leurs alliés revendiquent généralement ceux des attentats qui visent les forces de sécurité, en représailles, disent-ils, aux offensives de l'armée pakistanaise et aux tirs réguliers de missiles par des drones américains de la CIA visant des cadres d'Al-Qaïda et des talibans pakistanais ou afghans dans les zones tribales.