
Après le séisme et le tsunami qui ont dévasté une partie du Japon, des ONG ont lancé des appels aux dons. Peu d'argent a jusqu'ici été récolté : les donateurs rechignent à mettre la main au porte-monnaie, considérant le Japon comme un pays riche.
Dévasté par le plus puissant tremblement de terre jamais enregistré puis par un violent raz de marée, le Japon vacille. Près de 9 000 personnes sont mortes et plus de 12 000 sont portées disparues. Face à l’ampleur de la catastrophe, et aux 450 000 sans-abri vivant dans des refuges, en proie au froid et à la faim, les associations humanitaires ont lancé des appels aux dons. Une collecte des plus classiques, généralement organisée après chaque catastrophe naturelle majeure.
En janvier 2010, à la suite du tremblement de terre en Haïti, ces appels avaient permis de récolter des millions d’euros. Mais pour le riche Japon, les donateurs se font moins généreux que pour la pauvre Haïti. "À la fin de la semaine qui a suivi le séisme en Haïti, on avait récolté 5,8 millions d’euros. Là, nous en sommes à 50 000 euros pour le Japon", rappelait la semaine dernière Francis Charon, directeur général de la Fondation de France. "Les gens réagissent différemment car le Japon est un pays développé. Mais c’est un mauvais calcul : dans tous les pays riches, il existe des laissés-pour-compte. Imaginez ce qu’ils deviennent quand le pays entre en situation d’urgence…"
Les ONG moins présentes au Japon
Jusqu’à présent, l’aide internationale s’est principalement concrétisée par le soutien logistique des États : envoi de pompiers, de secouristes ou encore de maîtres-chiens.
De leur côté, les ONG, habituellement mobilisées dans les situations d’urgence, – zones de conflit, de famine, d’épidémies – n’ont pas forcément d’antennes sur le sol japonais et sont moins enclines à intervenir, le Japon disposant de moyens de secours et d’infrastructures en état de fonctionnement.
"Il n’est pas question de reconstruction, on ne peut pas reconstruire à la place du Japon, explique Francis Charon, de la Fondation de France. L’appel que nous avons lancé est un appel de solidarité, pas un appel d’urgence comme pour Haïti. "D’ailleurs, Fondation de France n’envisage pas encore d’action sur le terrain : pour le moment, les dons ne sont pas assez conséquents et les besoins dans les zones dévastées restent à déterminer plus précisément. "Si nous ne récoltons pas beaucoup d’argent, nous ne monterons pas de projet, nous le donnerons à des associations sur place", précise le directeur de l’organisation humanitaire.
La Croix rouge japonaise a, elle aussi, simplement fait appel à la solidarité financière de la Croix rouge internationale mais n’a demandé ni aide matérielle ni aide humaine.
Parmi les quelques ONG ayant envoyé une petite équipe sur place, Médecins sans Frontières (MSF) exclut pour l’instant de faire appel aux dons. "Une dizaine de personnes se trouvent dans la province de Miyagi [dans le nord-est du Japon], affirme l’organisation. Nous n’avons pas besoin d’argent supplémentaire pour faire fonctionner cette équipe. D’autant que les autorités japonaises et les États étrangers ont répondu massivement aux urgences sur le terrain en terme de matériel et de professionnels".
Le monde des nouvelles technologies se mobilise
Les industriels n’ont en revanche pas hésité à mettre la main au porte-monnaie. Le secteur des nouvelles technologies notamment, a répondu présent très rapidement. Les Japonais Sony et Nintendo ont, par exemple, donné 300 millions de yens chacun (2,6 millions d’euros). L’éditeur de jeux vidéos nippon Namco Bandai (à qui on doit notamment Dragon Ball Z) a signé un chèque de 100 millions de yens (877 000 euros) et l’Américain Microsoft a versé 250 000 dollars et fait un don matériel de 1,75 million de dollars. Plusieurs firmes contribuent également à ces efforts en direction du Japon en promettant de reverser une partie des bénéfices de certains produits ou jeux vendus en ligne.
"Le monde des nouvelles technologies est traditionnellement tourné vers le Japon", explique Alexandre Lecler, chef de produit chez CapCom France. Cette firme, éditrice, de jeux vidéo, a décidé de reverser les bénéfices perçus cette semaine des ventes de son jeu phare Street Fighter IV sur IPhone. "L’initiative, que nous avons annoncée sur notre page Facebook, a été extrêmement bien accueillie par nos fans, poursuit-t-il. Ils baignent dans la culture nippone, omniprésente dans l’univers des jeux vidéo". Bon nombre de plateformes de jeux en ligne invitent d’ailleurs leurs internautes à faire des dons en les renvoyant vers les sites d’ONG. De quoi espérer mobiliser une foule de nouveaux donateurs...