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Mohamed Bin Hammam à l'assaut de la présidence de la FIFA contre Sepp Blatter

Le président de la Confédération asiatique de football, Mohamed Bin Hammam, est entré en campagne pour la présidence de la Fifa. Mais face à Sepp Blatter, l’actuel patron de l’instance de football, le Qatari a peu de chances de l’emporter.

C’est officiel : le patron de la Fifa, Sepp Blatter, aura un adversaire désigné lors de la prochaine élection présidentielle de la planète foot, qui se tiendra le 1er juin prochain à Zurich. Et ce courageux prétendant n’est autre que le Qatari Mohamed Bin Hammam, président de la puissante Confédération asiatique de football (AFC) et candidat officieux depuis quelques temps déjà.

"Aujourd’hui, après plusieurs études, consultations et multiples considérations, c’est armé de passion, d’amour pour le football et croyant que notre jeu peut être enfin une compétition juste et honnête, que je décide de lancer ma candidature", a déclaré vendredi Bin Hammam, lors d’un discours fleuve de 17 minutes à Kuala Lumpur en marge d’un meeting de l’AFC (voir la vidéo).

Ce coming-out stratégique, à deux mois et demi de l’échéance, fait écho aux révélations successives des cas de corruption accablant plusieurs haut-responsables de la Fifa. Dans ce climat de suspicion généralisée et de crise de confiance, Bin Hammam compte endosser le costume du chevalier blanc du football pour séduire les fédérations et leurs présidents déçus par les treize ans de règne de Sepp Blatter.

Un leitmotiv pour la campagne : le changement

C’est donc naturellement que face à l’apparatchik septuagénaire de Zurich, le leitmotiv du président de l’AFC ne soit autre que le "changement ". Changement de gouvernance avec un comité exécutif de la Fifa agrandi à 41 membres au lieu des 15 actuels "pour donner plus de poids aux petites confédérations", et limite imposée à deux mandats pour le président. Il prône aussi un changement d’attitude vis-à-vis de la corruption avec l’instauration d’un comité de transparence calqué sur celui mis en place par le Comité international olympique (CIO) il y a quelques années.

Ce dernier prône également une nouvelle vision du jeu avec la dotation de nouvelles technologies dite "goal-line" (un système qui confirmerait si le ballon franchi la ligne de but, NDLR) et la mise en place de deux arbitres supplémentaires par match. Une évolution qui devrait plaire aux fédérations anglo-saxonnes, grandes partisanes d’une grande réforme technologique dans le football.

Bin Hammam est également conscient que nombre de fédérations nationales lorgnent sur la manne de la Fifa, qui a enregistré 631 millions de dollars de profit en 2010. Pour ces féférations, il promet de doubler l’actuelle dotation annuelle à 500 000 dollars. S’ajouterait aussi une enveloppe d’un million de dollars pour des projets d’aide au développement pour les "petites" nations du ballon rond.

La campgane est lancée

Maintenant, il ne reste plus, pour Bin Hammam, qu'à rassembler les présidents de fédérations qui voteront pour lui. Et à ce jeu-là, Sepp Blatter est un coriace. Issa Hayatou, le président de la Confédération africaine de football (CAF) peut en témoigner. Lors de l’élection de 2002, le Camerounais pensait facilement l’emporter face au président Blatter, mais ce dernier l’avait finalement emporté par 139 voix contre seulement 56 à son challenger, et ce dès le premier tour de scrutin. Une leçon politique qui pourrait bien venir à se répéter le 1er juin.

"Blatter déteste la concurrence," confiait Andrew Jennings, journaliste britannique, auteur de plusieurs documentaires sur la corruption au sein de la Fifa. "Il l'a prouvé en 2002 en écartant Issa Hayatou. Il avait alors multiplié coups bas et les trahisons. Et tout porte à croire que "Herr Blatter", comme on le surnomme, usera des mêmes techniques pour se maintenir à la tête d’une fédération désormais pourrie de l’intérieur."