
Un rapport publié par le cabinet de conseil américain McKinsey évalue, pour la première fois, l’impact de la filière Internet sur l’économie française. 3,2% du PIB français seraient à mettre au compte du Web. Peut mieux faire.
L’Internet en France représente 3,2 % du PIB en 2009 et 700 000 emplois créés depuis 1995. L’impact de la filière Internet sur l’économie française peut dorénavant être chiffré. Du moins, le cabinet de conseil américain McKinsey publie, mercredi, le premier rapport sur ce sujet.
Soutenu financièrement par le géant de l’Internet américain Google, l’enquête, réalisée au premier trimestre 2010, donne pour la première fois une dimension concrète à ce qui n’était jusqu’à présent qu’un pressentiment : l’Internet est devenu un acteur majeur de l’économie française. Autant que l’affirme le rapport McKinsey ? Lecture critique du rapport sur FRANCE 24.
Un secteur plus valorisé que l’agriculture. Le terroir français va en prendre un coup. Selon le rapport du cabinet McKinsey, la filière Internet a pesé 60 milliards d’euros, soit 3,2% du PIB en 2009. L’agriculture, selon les données de la Banque mondiale, ne représentait à la même époque qu’1,7% du PIB. Des chiffres qui restent encore largement inférieur à ceux de l’industrie, responsable à elle seule de près de 19% du PIB selon la Banque mondiale.
Un quart des créations d’emplois ? A lire le rapport, 25% des emplois créés en France depuis 1995 sont liés à ce secteur. Drôle d'arithmétique. En effet, le cabinet McKinsey attribue 700 000 créations nettes d’emplois à la filière Internet… et a rapproché ce chiffre de l'augmentation de la population active entre 1995 et 2009 pour conclure au fameux 25%. Sauf que la population active n'est pas composée uniquement de salariés.
Un poids grandissant dans la croissance. Entre 1995 et 2009, la filière Internet a contribué à hauteur de 20% à la croissance française. Mieux : en 2010, la part du secteur de l’Internet passerait à 25%. Pour établir cette dernière donnée statistique, le cabinet McKinsey avait retenu une prévision de croissance du PIB de 2,9% pour 2010. Depuis lors, l’horizon s’est assombri et la croissance n’a finalement été en 2010 que de 1,5%. La contribution de la filière Internet semble même être plus importante que ce que McKinsley a évalué dans son rapport.
L’Internet, un sésame pour les PME ? Plus une entreprise utilise les outils d’Internet (site, messagerie, campagne en ligne), plus elle croît rapidement. Le rapport a, en effet, établit que les PME qui ont davantage recours à ces technologies ont connu, en moyenne, une croissance de 7% sur les trois dernières années contre 3,1% pour celles qui ne se sont encore que peu converti aux vertus du Net. Un chiffre qui doit, cependant, être pris avec des pincettes. En effet, le rapport ne dit pas dans quels secteurs évoluent les PME du groupe des "7% de croissance". Elles appartiennent peut-être à des secteurs qui – avec ou sans outils Internet – connaissent actuellement un dynamisme certain, comme les biotechnologies ou l'informatique.
Et demain, l’Internet roi ? Le cabinet McKinsey se projette également vers l’avenir. Le rapport estime qu’à l’horizon 2015, la filière Internet devrait peser 129 milliards d’euros du PIB français tout en estimant que l'Hexagone pourrait faire bien mieux. En fait, il chiffre à 150 milliards l’apport potentiel du secteur à l’économie française. Comment ? La France devrait "atteindre la maturité numérique des cinq premiers pays de l’OCDE". A l’heure actuelle, elle n’est classée que 17e sur 27. Afin d’y parvenir, le rapport préconise la mise à jour des infrastructures pour réduire la fracture numérique, l’incitation à la création d’entreprises dans le secteur de l’Internet et l’augmentation de l’investissement publics dans dans les "outils Internet".
Crédit photo : Don Hankins/Flickr