Le ministre chrétien des Minorités religieuses a été assassiné à Islamabad. Il s’agit du deuxième responsable politique pakistanais assassiné en deux mois après avoir pris parti contre la loi sur le blasphème.
"Si je dois être tué, cela ne m’effraie pas". C’est en ces termes que le ministre pakistanais des Minorités religieuses, Shahbaz Bhatti, répondait à FRANCE 24 sur les menaces de mort qui pesait sur lui. Le seul chrétien membre du gouvernement disait alors se battre pour que "les terroristes ne puissent plus tirer profit de la loi anti-blasphème" qui punit de la peine de mort toute "insulte" au prophète Mahomet. Il a été assassiné ce mercredi matin à Islamabad.
Trois ou quatre hommes à bord d'une voiture ont tiré en plein jour sur son véhicule dans un quartier chic de la capitale, a indiqué le chef de la police d'Islamabad. Les assaillants ont réussi à prendre la fuite. L’assassinat de ce catholique, nommé ministre en novembre 2008, a ensuite été revendiqué par les Taliban.
Son assassinat est un nouveau signe de la détermination des islamistes radicaux à défendre la loi sur le blasphème. Il survient quelques semaines après l'assassinat, le 4 janvier derneir, du gouverneur de la province du Penjad, Salman Taseer, par son garde du corps. Ce dernier avait pris la défense d'Asia Bibi, une chrétienne condamnée à la peine capitale pour avoir "insulté" le prophète Mahomet. "Un acte terroriste brutal, un crime obscurantiste religieux le plus violent qui soit", avait déclaré le ministre Bhatti, dans le même entretien accordé à FRANCE 24, à la mi-janvier.
Un sujet de discorde récurrent
Depuis, les manifestations s’étaient multipliées au Pakistan, pour menacer les autorités contre tout amendement de la loi, contre toute clémence pour Asia Bibi, et pour célébrer le "héros" qui avait tué le gouverneur. Plusieurs imams et dirigeants de mouvements fondamentalistes ont même promis publiquement une récompense à ceux qui tueraient des apostats ou à ceux qui défenderaient ces derniers.
Le ministre Bhatti, nommé en novembre 2008, avait récemment déclaré à l'AFP être devenu la "cible numéro 1", évoquant même des fatwas et des prêches appelant à le décapiter.
Les chrétiens représentent moins de 2% des quelque 170 millions de Pakistanais, dans un pays où la loi repose sur la charia (loi islamique). Victimes de préjugés, beaucoup n'ont qu'un très faible niveau de vie et sont cantonnés dans des emplois subalternes.