logo

Nicolas Sarkozy presse l'UE d'adopter des sanctions contre la Libye

Le chef de l'État français a exhorté, mercredi, l'Union européenne à adopter rapidement des "sanctions concrètes" contre les responsables des violences visant le peuple libyen.

AFP - Sévèrement épinglé pour les "ratés" de sa diplomatie, Nicolas Sarkozy a durci le ton mercredi contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi et pressé l'Union européenne (UE) d'adopter des "sanctions concrètes" contre les responsables de la répression en Libye.

it
À la Une : jusqu'où ira Kadhafi ?
Nicolas Sarkozy presse l'UE d'adopter des sanctions contre la Libye

Dans une déclaration devant le Conseil des ministres, le chef de l'Etat a demandé à ses partenaires européens "l'adoption rapide de sanctions concrètes afin que tous ceux qui sont impliqués dans les violences en cours sachent qu'ils devront assumer les conséquences de leurs actes".

"Ces mesures concernent notamment la possibilité de les traduire en justice, l'interdiction d'accès au territoire de l'Union et la surveillance des mouvements financiers", a-t-il ajouté.

Le tout-puissant conseiller diplomatique du président, Jean-David Lévitte, a appuyé cette mise en garde en agitant le spectre de poursuites devant la justice internationale. "Que ceux qui utilisent les armes contre leur peuple sachent que la communauté internationale leur demandera de rendre des comptes", a lancé M. Lévitte devant la presse étrangère.

Au lendemain des déclarations très fermes du colonel Kadhafi affirmant qu'il resterait au pouvoir, Nicolas Sarkozy a également envisagé la suspension des relations économiques de l'UE avec Tripoli "jusqu'à nouvel ordre". Et musclé ses critiques contre la "répression brutale et sanglante" des manifestations, qui a déjà fait plusieurs centaines de morts civils.

Le déclaration très ferme du chef de l'Etat intervient alors que sa politique étrangère fait l'objet d'une remise en cause aussi rare que violente, en pleine présidence française des G8 et G20.

Depuis des semaines, les critiques pleuvent, à gauche comme à droite, contre la prudence jugée excessive de la France face aux révoltes populaires qui ont emporté les régimes autoritaires "amis" de Tunisie et d'Egypte. "Aujourd'hui, il est clair que la diplomatie française n'existe plus", a tranché mercredi la première secrétaire du PS, Martine Aubry.

Et depuis quelques jours, c'est le souvenir de la visite très controversée du dirigeant libyen à Paris fin 2007 qui nourrit la polémique.

Nicolas Sarkozy avait alors, entre autres, parlé contrats militaires avec le colonel Kadhafi, autorisé à planter sa tente à l'hôtel Marigny quelques mois après la libération des infirmières bulgares retenues dans ses geôles.

Largement amorcé par le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, ce retour en grâce avait troublé jusqu'au gouvernement. La secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme Rama Yade avait alors parlé de "baiser de la mort".

"C'était une erreur de recevoir Kadhafi comme Nicolas Sarkozy l'a fait", a déploré mercredi l'ex-premier secrétaire du PS François Hollande. Avec d'autres, la patronne d'Europe Ecologie-Les Verts Cécile Duflot s'est, elle, indignée que les avions ou hélicoptères ayant bombardé les manifestants libyens avaient "très probablement" été livrés par la France.

Monde arabe : les raisons de la révolte

Attaqué de toutes parts, l'exécutif s'est efforcé mercredi de défendre sa politique libyenne. "Le travail de la France en la matière a été très cohérent", a plaidé le ministre aux Affaires européennes Laurent Wauquiez, "on a été parmi les premiers à condamner".

Quant à Jean-David Lévitte, il a justifié la visite du colonel Kadhafi en 2007 par la libération des infirmières bulgares. "La question d'avoir des regrets ou non ne m'effleure pas, vous avez sept femmes qui aujourd'hui sont libres", a-t-il rappelé. Avant de faire remarquer qu'"il n'y a pas un seul pays dans le monde qui n'ait pas entretenu des relations avec la Libye"...