Jusqu'à présent circonscrite à Benghazi, la contestation du pouvoir de Mouammar Khadafi s'est étendue à Tripoli, dimanche soir. Le siège d'une télévision et d'une radio publiques, ainsi qu'un bâtiment gouvernemental, ont notamment été saccagés.
AFP - Le siège d'une télévision et d'une radio publiques ont été saccagés dimanche soir par des manifestants à Tripoli où des postes de polices et des locaux des comités révolutionnaires ont été incendiés, ont rapporté à l'AFP des témoins joints par téléphone.
"Un local qui abritait la télévision Al-Jamahiriya 2 et la radio Al-Shababia a été saccagé", a indiqué à l'AFP un témoin sous couvert de l'anonymat.
La diffusion de la chaîne de télévision, suspendue dimanche soir, a repris lundi.
Al-Jamahariya 2, deuxième chaîne publique, et la radio Al-Shababia, avaient été lancées par un fils du dirigeant libyen Mouammar, Seïf Al-Islam en 2008, avant d'être nationalisées par la suite.
Par ailleurs, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP, des bâtiments publics ont été incendiés dans la capitale dimanche soir, notamment des commissariats de police et des locaux de comités révolutionnaires, dans plusieurs quartiers, y compris près de la place Verte au centre ville où des affrontements violents ont eu lieu dans la soirée entre des pro et anti-régime.
itLa "salle du peuple", un bâtiment situé près du centre ville et où sont organisées souvent des manifestations et réunions officielles, a été également incendiée, a indiqué à l'AFP un Tripolitain qui habite à proximité.
Ce bâtiment est situé non loin du centre ville, à l'entrée du quartier résidentiel de Hay Al-Andalous.
Dans la nuit, des tirs nourris avaient été entendus dans plusieurs quartiers de Tripoli et des affrontements entre opposants et sympathisants du numéro un libyen ont notamment eu lieu sur la Place verte de Tripoli, selon des témoins.
Les violences lors des manifestations en Libye contre le pouvoir de Mouammar Kadhafi ont fait au moins 233 morts depuis le 15 février, a annoncé lundi HRW, au lendemain d'une mise en garde du fils du dirigeant Seïf Al-Islam contre les risques de "guerre civile" dans le pays.
Monde arabe : les raisons de la révolte
Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l'est de Tripoli, est le centre de la révolte depuis six jours et pour la seule journée de dimanche 60 personnes y ont été tuées, selon Human Rights Watch.
Les manifestations ont gagné la capitale dimanche.
"La Libye est à un carrefour. Soit nous nous entendons aujourd'hui sur des réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts mais des milliers et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye", a déclaré Seïf Al-Islam lors d'une allocution télévisée dans la nuit de dimanche à lundi estimant que le pays est au bord de la "guerre civile".
Il a répété à plusieurs reprises le chiffre de 84 morts dans les violences en Libye et affirmé que les bilans donnés par "les médias étrangers" étaient "très exagérés".
Depuis le début du mouvement de protestation en Libye, son père, le colonel Kadhafi qui exerce depuis 42 ans un pouvoir sans partage sur ce riche pays pétrolier, n'a fait aucune intervention publique.
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