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Trafic d'organes au Kosovo : quelle est l'implication réelle de l'ONU dans l'enquête ?

Un document confidentiel de l’ONU obtenu par FRANCE 24 sème le doute sur la réalité de son soutien aux organisations, notamment européennes, chargées de faire la lumière sur un possible trafic d'organes au Kosovo en 1999 et 2000.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki Moon doit présenter ce mercredi au Conseil de sécurité à New York un rapport sur la situation au Kosovo.

Il devrait notamment réaffirmer le soutien de l’organisation internationale via sa mission des Nations unies au Kosovo (Unmik) à l’enquête sur le trafic d'organes au Kosovo.

FRANCE 24 est, avec l’agence de presse italienne TMnews, entrée en possession d’un document confidentiel de l’ONU et du Tribunal pénal international de la Haye (TPI), rédigé en 2003, et qui fait justement état d’un possible trafic d’organes entre le Kosovo, l’Albanie et d’autres pays étrangers, organisé par de hauts responsables de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) en 1999 et 2000. Parmi eux figurent des proches de Ramush Haradinaj, ancien chef de guerre devenu Premier ministre de décembre 2004 à mars 2005. Il est aujourd’hui emprisonné et accusé de crimes de guerre par le tribunal de la Haye.

Le document présenté aujourd’hui par FRANCE 24 est le dernier en date de cette série de rapports liés aux efforts pour enquêter sur les allégations de trafic d’organes. Ce document, qui a été rédigé par des enquêteurs de l’ONU, n’aurait pas été transmis à EULEX, la mission de police et de justice de l’Union européenne au Kosovo. Ce défaut de transmission reste inexpliqué.

Les allégations de trafic d’organes depuis le Kosovo ne sont pas nouvelles. Elles ont été révélées pour la première fois dans le livre de mémoires de l’ancienne procureure du TPI Carla del Ponte, paru en 2008. À l’époque, ces accusations ne suscitent que peu d’intérêt de la part de l’Unmik et des autres organisations internationales. Un rapport du sénateur suisse Dick Marty, commandé par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe les relaie en décembre 2010 avec plus d’échos.

Ce document confidentiel et inédit obtenu par FRANCE 24 est une compilation, a priori incomplète, de rapports des enquêtes de l’Unmik à l’époque. Il décrit un trafic qui aurait eu lieu dans l’immédiat après-guerre, en 1999 et 2000. Les victimes, pour la plupart des civils serbes, mais aussi des jeunes femmes originaires d’autres pays de l’Europe de l'Est, auraient été transférées clandestinement depuis le Kosovo dans le nord de l'Albanie.

Une fois en Albanie, toujours selon le rapport, les victimes auraient été transportées dans des centres de détention illégaux et dans une clinique improvisée, appelée la "maison jaune", où des médecins leur auraient extrait les organes vitaux avant de les revendre sur le marché illégal.

À l’époque, les missions de l’ONU, de l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les militaires de l'Otan, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes en charge de l’administration du Kosovo et de la sécurité de ses habitants, étaient déployées sur le territoire. Mais dépassées par le chaos qui y régnait, elles n'ont pas réagi aux nombreuses exactions commises sur le terrain par l’organisation séparatiste kosovar.