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"Ronaldo a volontairement placé sa santé après ses performances"

Ronaldo a annoncé, ce lundi, qu'il arrêtait sa carrière pour raisons de santé. Médecin du sport, Jean-Pierre de Mondenard estime que les multiples blessures dont il a souffert sont, en grande partie, liées à la prise de produits dopants.

Dans son livre "Dopage dans le football, la loi du silence" (éditions Jean-Claude Gawsewitch), Jean-Pierre de Mondenard explique que les multiples blessures de Ronaldo sont essentiellement dues aux prises de produits dopants, notamment au début de sa carrière. Ce médecin du sport raconte les agissements d'un joueur qui a marqué le football à jamais, au premier jour de la retraite du "Fenomeno". Entretien.

France24.com : Dans votre livre, vous avancez l’idée d’un lien de cause à effet entre les multiples blessures de Ronaldo et les produits dopants - dont les anabolisants - qu’il aurait consommés. Le joueur paie-t-il aujourd'hui ses erreurs d'hier ?

Jean-Pierre de Mondenard : Ce n’est pas l’homme que je critique dans mon livre mais le système qui lui a permis de continuer à jouer au football alors que son corps ne suivait plus. J’ai pris des exemples de joueurs connus pour que les lecteurs identifient mieux le phénomène, mais c’est ce système qui, d’un côté, prône la tolérance zéro et, de l’autre, s’en moque, que je condamne.

Le cas de Ronaldo est particulier car, à 17 ans, lorsqu’il débarque au PSV Eindhoven, il est déjà une star. À l’époque, un médecin brésilien soupçonnait le joueur d'avoir pris des anabolisants pour prendre du poids. Mais si ses muscles ont pris de l’épaisseur, la résistance de ses tendons, elle, ne s’est pas accrue. Or, celui-ci était un joueur explosif qui faisait la différence dans les trois premiers mètres, un type de déplacement au cours duquel les tendons sont très sollicités...

De plus, les jeunes joueurs souffrent régulièrement de la maladie d’Osgood Schlatter [usure de la zone d’attache du tendon rotulien à l’extrémité haute du tibia, NDLR]. Dans le cas de Ronaldo, il est possible que la prise d’anabolisants l'ait accentuée, ce qui a conduit le joueur à subir trois opérations du tendon rotulien.

Vous insistez sur le fait que c’est le corps médical qui poussait Ronaldo à prendre des médicaments pour calmer ses douleurs. Vous donnez notamment l’exemple de la Coupe du monde 1998 où il a été pris de convulsions avant de jouer la finale. Un médecin lui aurait alors fait une infiltration, quelques minutes seulement avant le match. Est-ce symptomatique du monde du football ?

J.-P. M. : Sans aucun doute. Même les arbitres prennent des produits dopants pour tenir au cours des matchs… Il y a également une dérive du corps médical dans le monde sportif. Pour qu’un produit soit considéré comme dopant, il faut qu’il réponde à trois critères. Premièrement, que la substance serve à augmenter les performances de celui qui le prend. Deuxièmement, qu’elle soit dangereuse pour la santé et, troisièmement, qu’elle soit contraire à l’éthique médicale. Ainsi, faire une piqûre à Ronaldo pour soigner ses problèmes de tendon quelques minutes avant un match est résolument contraire à l’éthique : seul le repos peut guérir ce problème. Comme pour la plupart des jeunes joueurs de football que je rencontre, Ronaldo a volontairement placé sa santé après ses performances. Ceux-ci finissent toujours par le regretter.

Ronaldo a annoncé qu’il souffrait depuis quelques années d’hypothyroïdie, un dérèglement de la tyroïde. Comment l’expliquez-vous ?

J.-P. M. : Il est classique pour les sportifs d’utiliser des hormones thyroïdiennes pour perdre du poids. Ronaldo, que l’on surnomme "le gros", a sûrement dû utiliser ce type de produits qui ne figure pas sur la liste des produits dopants et qui est très répandu dans les salles de gym. La prise de n’importe quelle hormone déstabilise le système hormonal. Il est donc possible qu’en prenant trop d’hormones durant une période, Ronaldo ait conduit sa glande thyroïdienne à ne plus sécréter celle qui stabilise le poids.