Depuis le rejet, jeudi, par la justice mexicaine du pourvoi en cassation déposé par Florence Cassez, détenue depuis cinq ans au Mexique, les relations diplomatiques se tendent entre le Mexique et la France.
REUTERS - L'affaire Florence Cassez a tourné vendredi à l'incident diplomatique entre la France et le Mexique.
Michèle Alliot-Marie a qualifié de "décision inique" le rejet, la veille par la justice mexicaine, du pourvoi en cassation de la Française et a déclaré qu'il aurait des conséquences sur les relations entre la France et le Mexique.
Le Mexique a réagi par un communiqué en défendant les conditions dans lesquelles le jugement avait été rendu.
Condamnée à 60 ans de prison en mars 2009 pour complicité d'enlèvements et de séquestrations, ce qu'elle a toujours nié, Florence Cassez s'était pourvue en cassation en août dernier. La Française est emprisonnée au Mexique depuis plus de cinq ans.
"Je suis choquée", a déclaré Michèle Alliot-Marie sur France 2. "On a une décision qui est une décision inique".
"Les conditions dans lesquelles cette décision a été prise ne sont pas dignes d'un Etat de droit", a ajouté la ministre française des Affaires étrangères, qui devait recevoir dans la matinée l'ambassadeur du Mexique en France. "Notre compatriote a été jugée dans des conditions qui ne sont pas acceptables. C'est un déni de vérité, c'est un déni de justice. Nous la soutiendrons et nous la soutiendrons jusqu'au bout", a-t-elle dit.
"Il est évident que cela aura des conséquences sur les relations entre la France et le Mexique", a dit Michèle Alliot-Marie avant d'annoncer qu'elle ne participerait pas aux manifestations prévues dans le cadre de l'année du Mexique en France.
Le Mexique défend le jugement
La réaction du Mexique n'a pas tardé, sous la forme d'un communiqué transmis par l'ambassade du Mexique en France.
"Contrairement aux déclarations faites par la ministre d'État et ministre des Affaires étrangères et européennes de la République française, Mme Michèle Alliot-Marie, le Septième tribunal collégial en matière pénale du premier circuit a analysé chacun des arguments présentés par la défense, lesquels ont été unanimement rejetés par les magistrats", lit-on dans le communiqué.
"Le ministère (mexicain des Affaires étrangères) suggère respectueusement à la ministre d'État française d'analyser attentivement les termes du jugement", poursuit le texte.
"Le ministère mexicain des Affaires étrangères, respectueux de la décision prise par les membres du Tribunal, déplore profondément que la ministre Michèle Alliot-Marie considère que les relations entre nos pays puissent être affectées par ce dossier d'ordre strictement juridique."
Le chef de la diplomatie française a dit qu'elle allait rencontrer les avocats de Florence Cassez pour explorer tous les recours judiciaires possibles.
"Il est évident que nous ne l'abandonnerons pas", a-t-elle dit.
L'"amparo" - pourvoi en cassation - est la dernière voie de recours au Mexique. Cette action en justice était présentée comme celle de la dernière chance pour Florence Cassez, 36 ans.
Depuis son arrestation, la jeune femme n'a cessé de clamer son innocence.
Arrivée au Mexique en août 2003 pour des vacances, Florence Cassez avait décidé de s'installer à Mexico où elle a fait la connaissance d'Israel Vallarta, présenté par la police mexicaine comme le chef d'un gang de kidnappeurs. Elle en était devenue la compagne mais assure avoir tout ignoré de ses activités. La police a reconnu que son arrestation avait été mise en scène pour la télévision et n'avait pas eu le lieu le 9 décembre 2005, comme annoncé initialement, mais la veille - un élément qui n'est apparu ni au procès initial ni à celui en appel.