Alors que les affrontements entre anti- et pro-Moubarak se poursuivent place Tahrir, au Caire, l'UE exhorte l'Égypte à entamer "une véritable transition". Elle souhaite également que les responsables des troubles soient "traduits en justice".
AFP - La chef de la diplomatie de l'Union européenne a appelé jeudi les autorités égyptiennes à traduire en justice les responsables des violences survenues au Caire entre pro et anti-Moubarak et a demandé à nouveau le début immédiat de la transition dans le pays.
"Le gouvernement (égyptien) est responsable du bien-être et de la sécurité de son peuple. Ceux qui sont responsables d'actes ayant causé des morts et des blessés doivent rendre des comptes et être traduits en justice", a indiqué Catherine Ashton dans un communiqué.
La révolte populaire réclamant le départ du président égyptien Hosni Moubarak depuis dix jours a viré à l'affrontement armé place Tahrir, coeur de la contestation au Caire, où le bilan des heurts entre partisans et contestataires s'élevait jeudi à au moins cinq morts.
Les violences ont éclaté mercredi au lendemain d'une intervention de Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 29 ans, qui avait promis qu'il ne briguerait pas un sixième mandat en septembre.
Mme Ashton a dénoncé les "groupes armés" qui ont "violemment attaqué" des manifestants pacifiques.
La haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères s'est également élevée contre les "intimidations" et les "agressions" à l'encontre des journalistes sur le terrain. "C'est tout à fait inacceptable", a-t-elle dit.
Mme Ashton a en outre de nouveau exhorté les autorités égyptiennes "à entamer maintenant une véritable transition" politique.
"Des mesures urgentes, concrètes et décisives sont maintenant nécessaires pour répondre aux aspirations démocratiques du peuple égyptien", a-t-elle ajouté.
Au même moment, la télévision publique égyptienne a annoncé que le vice-président égyptien Omar Souleimane avait commencé le "dialogue" avec "les partis politiques et les forces nationales".
"Début du dialogue entre le vice-président et les partis politiques et les forces nationales", a indiqué la télévision dans un bandeau.
Des manifestants de la place Tahrir participent au dialogue avec le pouvoir, a précisé M. Chafic, cité par la télévision publique.
La situation en Egypte devrait être le point central d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens qui se tient vendredi à Bruxelles.
Sans attendre cette réunion, les dirigeants des cinq plus grands pays européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne) ont réclamé jeudi que le processus de transition en Egypte commence "dès maintenant" et condamné "tous ceux qui utilisent ou encouragent la violence", dans une déclaration commune.
"Nous observons la dégradation de la situation en Égypte avec une extrême préoccupation", écrivent les dirigeants français Nicolas Sarkozy, allemand Angela Merkel, italien Silvio Berlusconi, britannique David Cameron et espagnol José-Luis Zapatero dans ce texte communiqué par l'Elysée.
"Les Égyptiens doivent pouvoir exercer librement et pacifiquement leur droit de manifester et bénéficier de la protection des forces de sécurité. Les agressions contre les journalistes sont totalement inacceptables", disent-ils.
"Nous condamnons tous ceux qui utilisent ou encouragent la violence, qui ne fera qu'aggraver la crise politique que traverse l'Égypte. Seule une transition rapide et ordonnée vers un gouvernement à représentation élargie permettra de surmonter les défis auxquels l'Égypte doit faire face aujourd'hui. Ce processus de transition doit commencer dès maintenant", conclut le texte.