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"Speak-to-tweet" et autres solutions de contournement du trou noir numérique

Hosni Moubarak a beau avoir réussi à couper l'Égypte de l'Internet, Google et Twitter ont pris le parti des manifestants. Les deux géants ont mis en place un système permettant de poster des messages sur le réseau de microblogging.

Les internautes égyptiens viennent de recevoir des soutiens de poids. Twitter et Google ont mis en place, lundi soir, un système permettant de continuer à communiquer en 140 caractères malgré le vide numérique dans lequel est plongé l’Égypte.

La solution proposée par les deux géants de l’Internet s’appelle "speak-

to-tweet" [parler pour Twitter, NDLR] et permet de publier des mises à jour sur le célèbre site de microblogging en laissant un message oral sur un répondeur téléphonique. Le service est gratuit et Google a mis à disposition des internautes trois numéros téléphoniques internationaux (aux Etats-Unis : +16504194196, en Italie : +390662207294, à Bahrein : +97316199855).

La nouvelle tombe d’autant mieux pour les Égyptiens que la journée de mardi est qualifié de charnière pour le mouvement de contestation au régime du président Hosni Moubarak. Les manifestants espèrent en effet rassembler un million de personnes au Caïre et autant à Alexandrie.

Un exemple de message laissé sur un répondeur mis en place par Google

De son côté, le pouvoir tente au maximum de restreindre l’accès au réseau. Lundi soir à 20h30, Noor, le dernier fournisseur d’accès à Internet qui permettait encore de se connecter à Internet a cessé de fonctionner selon la société américaine de veille informatique Renesys. L’Égypte s’est donc réveillée mardi coupé à 100% du monde 2.0.

Le morse et le téléphone pour contourner le silence

Une omerta numérique qui n’a pour l’instant pas empêché les internautes les mieux informés de continuer à utiliser l’Internet et surtout à inonder Twitter de messages sur la situation en Égypte. Comment ? En utilisant la bonne vieille connexion par modem téléphonique. Certes le débit est moins rapide qu’avec les accès par ADSL ou par câble, mais il est largement suffisant pour lancer quelques 140 caractères au monde. Il suffit à un Egyptien de composer, via un modem, le numéro de téléphone de quelques fournisseurs d’accès (FAI) à l’étranger pour pouvoir accéder au Web. Il existe une liste en ligne des numéros à composer pour pouvoir se connecter à l'Internet de cette façon. 

Le morse et les messages radio semblent également être utilisés par les Égyptiens. Le site des activistes Internet We Rebuild retranscrit ainsi les messages entendus sur différentes fréquences de radios amateurs.

La mobilisation des bonnes volontés internationales pour relayer les messages des internautes égyptiens s’expliquent notamment par le recours massif aux réseaux sociaux dont ils ont fait preuve. Confirmation avec la société canadienne de veille des réseaux sociaux Sysomos qui a analysé les deux dernières semaines de présence des Égyptiens sur Twitter. Entre le 16 et le 23 janvier, Sysomos a recensé 122 319 "gazouillis" d’internautes égyptiens. Entre le 24 et le 30 janvier, ce sont 1 317 233 messages qui ont été postés sur le service de microblogging.