
Ordinateurs, smartphones, imprimantes connectées : tous ces appareils ont besoin d'une adresse IP pour accéder à Internet. Problème : tous les identifiants seraient en passe d'être attribués. Panique à bord ? Pas si vite.
Il ne va bientôt plus y avoir de place sur Internet. Ce que certains appellent "l'IPocalypse" est en passe de devenir une réalité. Début février, l’Internet Assigned Number Authority (IANA) doit délivrer les dernières adresses IP disponibles.
De quoi s’agit-il ? Pour se connecter au réseau, les ordinateurs, téléphones communicants et tout autre appareil relié au Web doivent posséder une adresse IP qui leur procure une place sous le soleil numérique. Devant l’explosion du nombre de gadgets capables d’aller sur le Net, le stock fond à vue de clics.
L’accès au Web, tel qu’il existe aujourd’hui est régi par un protocole baptisé IPv4. Mis en place en 1983, il permet d’allouer 4,3 milliards d’adresses informatiques. Quelque 28 ans plus tard, deux milliards de personnes bénéficient d'un accès au réseau, d’après des données rendues publiques le 28 janvier par les Nations unies. Seulement voilà, bon nombre d’internautes ne se contentent plus d’un ordinateur pour naviguer sur la Toile mais passent également par leurs téléphones ou par une téléviseur connecté.
Résultat, il ne reste actuellement qu’un peu moins de 10 millions d’adresses IP disponibles, d'après un fil Twitter qui comptabilise en temps réel le nombre d'adresses disponibles. "Le grand réservoir qui distribue les adresses va être à sec dans les semaines qui viennent", explique au "New York Times" un ingénieur de Google, Lorenzo Colitti, qui travaille sur ce problème.
Plus de places dès le 2 février ?
Lorsque l’IANA entamera sa grande distribution, il faudra au maximum huit mois pour qu’elles aient toutes trouvé preneur, selon un responsable de l'organisme cité par la BBC. Mais certains, comme le fournisseur d’accès à Internet américain Hurricane Electric estiment que, en réalité, il n’y aura déjà plus d'adresses d’ici... le 2 février. La faute aux grands groupes, comme Google ou Microsoft, ou aux institutions qui, par peur de la pénurie, ont déjà réservé leurs identifiants.
Pas de panique cependant. Une fois que la dernière adresse aura été allouée, Internet ne se fermera pas d’un coup aux nouveaux arrivants. De fait, plusieurs solutions existent.
La première consiste à attribuer une même adresse à plusieurs appareils. Problème, les ordinateurs partageant un identifiant similaire risque de voir leur accès au réseau ralentir. Cette solution cosmétique pose également un problème en termes de sécurité. "Si je partage l’adresse IP d’un ordinateur qui est sur une liste noire, je suis également sur liste noire", explique ainsi Lorenzo Colitti.
Des milliards de milliards de milliards d'adresses
L’autre solution est de remplacer l’IPv4. L’alternative existe même depuis 1998. Elle s’appelle IPv6 et permet d’allouer 340 sextillions (de milliards de milliards de milliards de milliards) d’adresses IP. Une solution qui dépend cependant de la bonne volonté des fournisseurs d'accès à Internet (FAI). En 2010, l'IPv6 n'en était que ses balbutiements avec seulement 0,1 % des adresses mondiales qui avaient adopté ce protocole...
Basculer vers l'IPv6 demande aux opérateurs d’investir dans des nouvelles infrastructures et "il n’y avait aucun avantage immédiat et évident jusqu’à présent", déplore Lorenzo Colitti. Face au manque de place sur la Toile, les FAI ne vont bientôt plus avoir le choix.
Crédit photo : Xjs-Khaos sur Flickr