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Histoire d'un reportage qui n'a pas eu lieu

, envoyée spéciale en Haïti – "Haïti ne se limite pas à Port-au-Prince", répètent les Haïtiens. Mais rares sont les journalistes qui s’aventurent hors de la capitale. Je ne ferai pas exception : mon projet de séjour aux Abricots (ouest du pays), est tombé à l’eau.

Le village des Abricots se situe à l’extrême ouest du pays, sur la pointe de la Grand’Anse. Un petit coin de paradis, aux dires des Haïtiens. Son maire, Jean-Claude Fignolé, écrivain, intellectuel et marin, y fait depuis des années un extraordinaire travail de développement.

Après le séisme, des milliers de rescapés du chaos de Port-au-Prince s’y sont réfugiés. Ce village, de 1 300 âmes fin 2009, en comptait plus de 10 000 trois mois plus tard. Quelques semaines à peine après le séisme, Jean-Claude Fignolé lançait sur internet un vibrant appel de détresse : il n'y avait plus assez de nourriture pour faire vivre tout le monde.

J’aurais donné beaucoup pour savoir comment s’en sort ce village aujourd’hui. Comment vivent les réfugiés installés aux Abricots ? Que sont devenus les "enfants affamés aux yeux hagards" que décrivait Jean-Claude Fignolé ? Comment s’est organisée cette communauté ? Et surtout, comment est Haïti en dehors de Port-au-Prince ?

J’ai presque touché le sol des Abricots. Dans mon esprit, j’y étais déjà. Mais je me suis organisée trop tard. Plus de billets pour l’avion qui s’y rend quotidiennement. Erreur d’organisation basique. Par la route, ce n’est même pas la peine d’y penser. Le trajet prend six heures au minimum et des travaux sur l’unique route qui y mène le rallonge d’au moins deux heures. En passant à peine une semaine ici, impossible de perdre autant de temps dans les transports. Ce n’est donc pas encore cette fois-ci que je vais pouvoir découvrir un petit bout de la province haïtienne… Je me maudis, et reste à Port-au-Prince.

Mais, dans cette ville, même quand elle a été sillonnée mille fois par toutes les équipes de journalistes du monde, il reste toujours des choses à découvrir. En grattant un tout petit peu sous la poussière et les gravats, elle livre des trésors insoupçonnés. Comme ces maisons traditionnelles en bois et briques colorées, que l’on trouve principalement dans les quartiers de Turgeau et Pacot à l’ouest de la ville. Elles sont communément appelées "gingerbread" (pain d’épice), par l'une de ces obscures associations d’idées dont les Haïtiens ont le secret. Pénétrer dans ces maisons centenaires s’apparente parfois à un véritable voyage dans le temps. Voici, grâce à la famille Charlier et à l’artiste octogénaire Viviane Gauthier qui m’ont ouvert leurs portes, un petit aperçu de ces joyaux du patrimoine haïtien.

Les "gingerbread", patrimoine architectural de Port-au-Prince
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