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Départ du premier avion pour aller chercher des enfants en cours d'adoption

Une centaine de parents adoptifs ont décollé de Paris mardi matin pour Port-au-Prince afin de ramener avant Noël un premier groupe d'enfants haïtiens en cours d'adoption. Les procédures étaient interrompues depuis le séisme du 12 janvier.

AFP - Une centaine de parents ont décollé mardi de l'aéroport parisien de Roissy à bord d'un avion affrété par la France pour aller chercher leurs enfants adoptifs en Haïti et devraient être de retour à temps pour Noël.

Les procédures d'adoption avaient été interrompues le 12 janvier par le séisme qui a fait plus de 250.000 victimes, les jugements et autres pièces administratives ayant disparu sous les décombres.

"Un avion, affrété par le ministère des Affaires étrangères et européennes, a quitté Paris ce matin à destination de Port-au-Prince afin de ramener en France un premier groupe d'enfants haïtiens en cours d'adoption par des familles françaises", a indiqué un communiqué du Quai d'Orsay mardi matin.

Lundi soir, la porte-parole du collectif SOS-Haïti-Enfants-Adoptés Emmanuelle Guerry avait indiqué à l'AFP qu'"environ 120 parents" devaient prendre place à bord afin de récupérer autant d'enfants.

L'avion devrait revenir mercredi. Les enfants seront examinés par des médecins, en particulier en raison de l'épidémie de choléra qui a fait plus de 2.500 morts dans l'île. Une équipe médicale est d'ailleurs également à bord.

Un autre vol effectuera une rotation au départ de la capitale française jeudi. Au total, 318 enfants haïtiens sont attendus en France cette semaine. Dépourvus de passeport, ils bénéficient d'un laisser-passer consulaire exceptionnel après accord entre autorités françaises et haïtiennes.

Après de longs mois d'attente, les choses se sont un peu précipitées pour Nadia Boulkessof, maman adoptante de Rose-Dania, deux ans.

"Je suis contente mais je suis un peu déboussolée parce que cela tombe brutalement, on n'a pas eu le temps de se préparer, c'est pour cela que je suis chez Ikea, pour préparer la chambre", a-t-elle raconté à l'AFP quelques heures avant le départ.

"Je n'avais rien préparé, la dernière fois que j'ai acheté un jouet, c'était en décembre 2009 et avec le séisme qui a ravagé tous nos espoirs, et ceux des Haïtiens, par superstition, je n'ai plus rien acheté", a-t-elle poursuivi.

Valérie Damilleville a elle aussi un peu été prise au dépourvu mais la chambre de Jean, 19 mois, est "prête". "J'ai dû monter son lit qui m'a été prêté par des amis, dimanche entre minuit et une heure du matin", a-t-elle raconté à l'AFP.

"J'ai préparé des vêtements chauds, une doudoune, des chaussettes en laine, des petites chaussures, une petite salopette, des petits jeux, des biscuits, un biberon (...), j'ai mis tout ça dans un mini sac-à-dos".

Mais les deux mamans ne cachent par leur colère d'avoir dû attendre si longtemps et fustigent la gestion de la crise par l'ex-ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

Le collectif de parents a bataillé pendant des mois auprès des autorités pour faire revenir les enfants au plus vite. Sur le millier de bambins en cours d'adoption par des Français au moment du séisme, environ 700 ont déjà rejoint l'Hexagone.

D'après les parents, les choses se sont soudainement débloquées avec l'arrivée au Quai d'Orsay de Michèle Alliot-Marie.

"Il y a eu un changement évident, elle s'est engagée dès qu'elle a pris son poste, alors qu'il y avait une non-volonté de Bernard Kouchner depuis le départ" d'aider les parents, assène Nadia Boulkessof.

Même son de cloche pour Mme Damilleville, Mme Alliot-Marie "l'a dit elle-même, elle a passé un coup de fil au Premier ministre haïtien, coup de fil qui n'avait jamais été passé pendant près d'un an", selon elle, par son prédécesseur.